mardi 22 janvier 2013

"Je voulais faire mal" à Typhaine, raconte sa mère aux assises

La mère de Typhaine, accusée d'homicide volontaire, a commencé à raconter mardi devant la cour d'assises du Nord les sévices infligés à la fillette de 5 ans jusqu'à sa mort en juin 2009.
Le procès du calvaire de Typhaine s'est poursuivi mardi devant la cour d'assises du Nord dans une ambiance de plomb. La mère de la fillette, décédée à 5 ans après avoir subi de terribles sévices, a raconté ce qui l'avait poussée à commettre ces actes.

Les deux mains sur la barre, faisant face à cour,
Anne-Sophie Faucheur, 26 ans, esquisse une excuse à son comportement : "Je pensais que c'était elle qui me provoquait, je voulais lui faire mal". Les punitions et privations de repas, peu après l'enlèvement de la fillette - alors élevée par sa famille paternelle - à la sortie de l'école le 22 janvier 2009, se muent vite en coups, de plus en plus fréquents et violents: "Des fessées, des gifles, des coups de ceinture sur les fesses", énumère l'accusée. "Ca commence pour rien, je ne sais même plus pourquoi ça a commencé. Parfois, elle avait le regard dur, j'étais persuadée qu'elle me regardait méchamment (...) Je n'avais pas l'impression d'être sa mère, il n'y a pas le lien", a tenté de justifier Anne-Sophie Faucheur. Un mois avant sa mort, Typhaine est frappée "quasiment chaque jour", porte des "bleus" sur le corps, selon sa mère. Elle est vue pour la dernière fois par une voisine le 20 mai.
Elle est au sol, elle a du mal à marcher
Le soir des faits, dont elle ne se rappelle pas la date avec exactitude et qui est fixée au 10 ou au 11 juin, Typhaine "n'arrivait pas à dormir et marchait dans la chambre", ce qui a "exaspéré" sa mère. "La série de coups" commence: fessées, gifles, coups de poing, de pied. "Puis, j'ai été mettre une paire de baskets et je l'ai frappée au niveau du ventre. Elle est au sol, elle a du mal à marcher. Je ne me souviens plus, mais elle doit pleurer", poursuit-elle, alors que plusieurs membres de la famille paternelle de Typhaine, sous le choc, sortent de la salle. Les coups sont suivis d'une "longue douche froide" pour "calmer" Typhaine, pendant laquelle sa mère retourne "dans le salon, sur le canapé", au côté de son compagnon.
Ils entendent "un sifflement, une mauvaise respiration", la trouvent inanimée. Son concubin, pompier volontaire, ne parvient pas à la ranimer. Par "peur de la prison" et de "perdre les autres enfants" - Caroline et Apolline - le corps de Typhaine sera dissimulé à la cave, nu, sur un sac plastique. Il y restera pendant huit jours, "jusqu'après le baptême" d'Apolline, fille des deux accusés, avant d'être enterré dans une forêt dans la banlieue de Charleroi (Belgique).
"Vous vous étonnez qu'on vous reproche un meurtre ?"
Anne-Sophie Faucheur et son compagnon Nicolas Willot avaient dissimulé ce décès pendant près de six mois derrière un enlèvement fictif, donnant en public l'image de parents éplorés, avant d'avouer en garde à vue. Selon un expert-psychiatre, le Dr Roland Coutanceau, interrogé mardi par visioconférence, la mère de Typhaine "comprend que les coups ont peut-être tué l'enfant", mais a estimé qu'il n'y avait pas "une volonté d'homicide consciente, claire, affirmée chez la mère". Une analyse plus que nuancée par un second expert psychiatre, le Dr Ameziane Ait-Menguellet, qui a souligné à la barre que Mme Faucheur avait paru "moins perturbée" par la mort de sa fille que par la "honte" d'avoir menti. Au départ, "la volonté (de Mme Faucheur) n'était pas celle de tuer, mais par la dérive, elle se transforme", a-t-il affirmé.

Côté ministère public, la volonté de tuer est bien présente : "C'est un acharnement qui ne peut s'expliquer que par une volonté d'en finir. Vous vous dites ‘Je vais aller mettre des baskets et je reviens pour la frapper et vous vous étonnez qu'on vous reproche un meurtre madame ?", a demandé l'avocat général. "J'avais pas dans la tête, je vais la tuer, je vais en finir(...). Je voulais lui faire mal", a rétorqué Anne-Sophie Faucheur. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi

 

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