vendredi 18 janvier 2013

SOMME Cinq ans pour avoir tué son frère

Laurent et Valérie étaient accusés d’avoir causé la mort de leur frère et oncle, à Cayeux, en 2009. Chacun écope de cinq ans mais la mineure bénéficie du sursis.

Des parties civiles émouvantes ont fait comprendre hier matin ce qu'est le poids de l'absence. Elles ont, par leurs larmes, donné consistance à une matière volatile : les jours, les années que Dominique, leur conjoint et père, ne vivra pas, parce qu'il est mort « comme un chien », dixit Me Jérôme Crépin, à 50 ans, le 30 août 2009 à Cayeux-sur-Mer.

Nadine, la compagne de seize ans, est encore amoureuse quand elle décrit son « esprit d'entreprise. Il avait toujours plein de projets pour la maison, des choses à faire avec son fils de 11 ans qui le suivait partout. Le 30 août, c'était son dernier jour de mytiliculture. Le lendemain, il commençait la saison de pêche aux coques, il était enthousiaste ».

Le 30 août, c'est aussi le jour que Dominique avait choisi pour annoncer à sa belle-mère qu'il épouserait Nadine en octobre ou novembre.

Une autre échéance l'attendait : dans dix jours, sa première fille Marine aurait 18 ans. Il ne l’avait pas reconnue à la naissance et n'avait renoué avec elle que deux ans auparavant, « mais on essayait de rattraper le temps perdu », pleure la jeune femme.

« Il voulait que je porte son nom. Il m'avait dit d'attendre mes 18 ans pour qu'on entame la procédure. J'avais dit oui, évidemment. C'était mon père. Un père, on n'en a qu'un et moi je n'en ai plus ».

En fait, il était jaloux de son frère

Marine est bien involontairement à l'origine de « l'immense gâchis » que décrit l'avocate générale Hélène Pignon. C'est Marine que Laurent avait mise en garde : « Attention, ton père, il aime les jeunes filles. Pourquoi tu crois que son autre fille Marie ne veut plus le voir ?»

La rumeur est lâchée dans Cayeux, une rumeur infamante et totalement infondée de pédophilie contre laquelle Dominique n'aura de cesse de lutter, mais cette vague nauséabonde est encore plus traîtresse que celles qu'il apprivoise en baie de Somme.

Le 30 août, il a voulu « s’expliquer ». Il en est mort, plaqué au sol par son frère, battu de coups de pied par sa nièce, asphyxié par un œdème consécutif à un infarctus, dans sa voiture, quelques minutes plus tard.

Laurent est accusé de coups mortels sans intention de tuer. Point. Si neuf ans sont requis contre lui, c'est que derrière les faits se dessine le procès de sa personnalité.

Quel contraste entre l'image qu'il veut donner – bon père, bon frère, sauveteur en mer – et le portrait que tracent deux jours d'audience : oisif, buveur, violent, sexuellement agressif, jusqu’à l’inceste ! « Il n’assume pas, il n’a jamais assumé, tonne Me Charles Thomas, autre partie civile. En fait, il était jaloux de son frère, parce que Dominique avait réussi sa vie tandis que lui foirait la sienne ».

Me Stéphane Diboundje rappelle que le 30 août, Laurent n'a pas cherché la bagarre et encore moins voulu le décès de son frère, que Valérie a sa part de responsabilité, que l'état cardiaque de la victime importe : « Ça aurait pu nous arriver à tous. Même la victime n’imaginait pas qu’elle allait mourir ».

« Il avait fait un électro, il avait rendez-vous pour un test d’effort », se souvient Nadine. Comme un homme qui veut vivre...

http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Cinq-ans-pour-avoir-tue-son-frere

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