mardi 19 février 2013

Agen. Le procès du soldat tueur sous haute surveillance GIPN

Raymond Térématé, le Tahitien de 28 ans accusé d'un double assassinat, comparaît depuis hier devant la cour d' assises, avec sa complice présumée. L'ancien militaire nie les faits, aujourd'hui évoqués dans le détail.
Effervescence au palais. Le procès des deux assassinats de Saint-Eutrope-de-Born, perpétrés en 2009 et 2010, a rempli, hier à Agen, le prétoire de la cour d'assises de Lot-et-Garonne pour une première journée d'audience qui s'est déroulée dans une atmosphère pour le moins inhabituelle, entre forces de l'ordre, micro, caméras et public aux aguets.

Le GIPN omniprésent

La présence des hommes du Groupement d'intervention de la police nationale (GIPN), venus «sécuriser» les débats, y est bien sûr pour quelque chose, une présence inédite en ce lieu. Et la personnalité de l'accusé principal, à l'origine de ce déploiement de force, a également contribué à attirer un nombreux public, jusqu'à des lycéens de Palissy venus découvrir ce qu'était un procès d'assises. Si l'on ajoute le nombre conséquent de parties civiles présentes à l'audience, cela aboutit à cette affluence et cette ambiance rarement vues.
Extrait hier matin de la maison d'arrêt d'Agen par quatre policiers du GIPN, Raymond Térématé est sorti tête découverte, au contraire de sa complice présumée, Bérengère Jappet-Granon, visage caché des regards. Dans le box, pas moins de cinq hommes en permanence pour «encadrer» l'accusé principal, trois du GIPN en plus de deux policiers agenais.
Alcool et cannabis à 9 ans
On passa même à quatre membres du groupe d'intervention quand la cour dut se déplacer dans la salle d'audience de la cour d'appel pour visionner l'audition d'un témoin, salle évidemment dépourvue de box, donc moins sécurisée. Et si d'aucuns «guettaient» d'éventuels premiers débordements, ils durent se contenter, pour cette première journée, de quelques répliques bien senties de l'homme de Tahiti.
Longuement interrogé sur son parcours de vie par la présidente de la cour, Annie Cautres, Térématé renouvela certes ses dénégations, mais, jusque-là, sans excès.
«Je suis innocent, je n'ai rien à voir avec tout ça», lui lança-t-il. Ajoutant un peu plus tard : «Je suis là pour de soi-disant faits d'assassinats»… «Vous auriez avoué à un codétenu», insista-t-elle ? «Je n'ai jamais eu de codétenu».
Des questions sur sa vie sentimentale, ses relations avec les femmes ? «ça, c'est intime». Une autre sur un cambriolage commis à l'âge de 16 ans ? «On ne va perdre de temps avec ça». Telle déclaration faite à la juge d'instruction ? «Elle n'a pas compris. Elle avait bu (sic)…»
Le Polynésien ne contesta que peu, en revanche, le déroulé de son enfance dans son île. Une enfance pas vraiment comme les autres, de ses propres dires : cannabis et alcool dès l'âge de 9 ans - «pour faire comme les grands, comme les bandits»-, l'exclusion du collège en 4e, les premiers vols… «Pas intéressé par l'école mais par l'argent», au point de cultiver du cannabis pour le vendre… et acheter de l'alcool.

«Une forte tête»

À 19 ans, il rejoindra la métropole pour s'engager dans l'armée, intégrant le régiment de chars de combat de Mourmelon où il sera chasseur de première classe, mais pas un «bon» soldat viendra dire son ancien officier qui l'avait pourtant intégré dans un escadron adapté pour «gérer les fortes têtes».
Térématé fera connaissance de sa complice présumée, Bérengère Jappet-Granon, par le biais d'Hakim Aïssa, la première des deux victimes, qui passa donc ce jour de Noël 2009 à la villa de Saint-Eutrope. On connaît la suite, une suite dont le Tahitien se déclare totalement étranger. «C'est quoi une victime», lui demanda la présidente ? «C'est comme moi…»

http://www.ladepeche.fr/article/2013/02/19/1563972-dans-le-box-des-accuses-un-chasseur-de-premiere-classe.html

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