mardi 19 février 2013

Marseille : le "cauchemar" de l'agent de l'Urssaf séquestré

Le scénario fait froid dans le dos. Sur le banc des parties civiles, Pascale B., contrôleur de l'Urssaf, assure qu'avec ce procès, elle "revit un cauchemar". C'est la première fois, depuis le 8 janvier dernier, qu'elle croise à nouveau Christian Blanc dans l'entreprise duquel elle s'était rendue pour un contrôle routinier. Elle y a vécu une séquestration qu'elle décrit d'un sadisme inouï.
Lorsqu'elle se présente ce matin-là, un homme tout habillé de noir l'accueille sur le parking de la zone d'activité Artisanord dans le 15
e arrondissement. "Garez-vous là et prenez toutes vos affaires", lui intime-t-on. L'entrepreneur la fait pénétrer dans un premier bureau dont il ferme la porte à clé. Dans une seconde pièce, à son tour verrouillée, il retire la poignée, enfile un gant en latex. Et pointe une arme. "Il était à 50 centimètres de moi", précise Pascale B. Elle doit déposer sur la table ses téléphones et ses papiers d'identité. L'homme note l'adresse personnelle de la fonctionnaire : "J'aime bien connaître les gens à qui j'ai affaire". Le contrôleur doit ouvrir son sac dans lequel Christian Blanc jette 60 billets de 50 €. "Il m'a demandé un document qui justifiait qu'il était à jour de ses cotisations. Il a employé l'expression : "un document prouvant qu'il était vierge comme une petite fille de 5 ans".
Et pour la dissuader de tout raconter à la police, l'homme a sorti une grenade en ajoutant qu'"elle pouvait sauter à n'importe quel moment dans ma cuisine pendant qu'on regardait en famille l'émission Qui veut gagner des millions ? Puis il m'a demandé : le message est bien clair".
"Un guet-apens"
Faux ! Faux ! Faux ! rétorque Christian Blanc, 47 ans, qui propose un autre scénario. "Elle m'a dit : vue la situation de votre société déjà condamnée, vous allez me donner 6 000 pour que je dise que tout va bien". Mais alors pourquoi Pascale B., tremblante, se serait précipitée dans le bureau de son directeur pour lui remettre les 3 000 € jetés dans son sac ? questionne son défenseur Me Stéphane Ceccaldi.
Le jour des faits, Christian Blanc avait confié à sa soeur, gérante en titre de la société, que le rendez-vous s'était mal passé, qu'il l'avait insultée, menacée de mort. Et pourtant Christian Blanc ne devait pas un centime à l'Urssaf. "Il n'avait aucune raison de redouter ce contrôle de routine", selon Me Fabien Perez, défenseur de l'organisme de collecte. En garde à vue, Christian Blanc convenait avoir "explosé.J'ai pris sa demande de 6 000 comme une agression. Je l'ai insultée. Je lui ai dit : Attention, on est dans une famille de tireurs, si on cherche à nous faire du mal, on n'hésitera pas à prendre les armes". Et en écho à la victime, il dit que l'audience lui "fait revivre ce cauchemar".
Les problèmes psychiatriques du prévenu semblent devoir expliquer ce mauvais scénario. Sa compagne le présente comme "surmené. Il s'est renfermé sur lui-même". Son avocat, Me Bernard Hini, souligne que son psychiatre lui prescrivait un antidépresseur "assommoir". Le 9 janvier, la garde à vue avait dû être levée pour une hospitalisation en milieu psychiatrique, un expert concluant à "un syndrome de dépersonnalisation".
Ces problèmes psy expliquent les réquisitions du procureur Pierre-Yves Pezzino, selon lequel tout cela est "très grave", y compris la tentative de corruption. Pour ce "guet-apens" tendu par un homme "border-line", il a réclamé deux ans de prison assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve comportant une obligation de soins. Jugement le 27 février.

http://www.laprovence.com/article/actualites/marseille-le-cauchemar-de-lagent-de-lurssaf-sequestre

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