mardi 12 mars 2013

Etupes (25) : « Pourtant, je les aime bien les gendarmes »

Deux pieds nickelés à la barre. Dont un qui se prend précisément les pieds dans le tapis ou plutôt dans le verglas et qui s’affale sur le bitume après avoir commis un vol dans une voiture. Voilà comment les gendarmes n’auront aucune difficulté à l’interpeller.
Ce 27 janvier vers 2 h du matin, le quartier de la Montagne à Étupes est endormi. Khalid, 27 ans, et Fouad, 30 ans, deux oiseaux de nuit rôdent à la recherche d’un mauvais coup. À entendre Khalid, un paquet de cigarettes en exposition sur un tableau de bord aurait suffi à attiser sa convoitise. Une pierre pour exploser la vitre et les deux comparses commencent à rafler un autoradio et des jeux.
Il est très tard mais pas de chance pour les larrons, le propriétaire de la voiture et son amie sont sortis sous la pleine lune pour promener leur jeune chien de sept mois.
La réaction est immédiate. La compagne appelle les gendarmes avec son portable, le compagnon fonce sur le duo. Si Khalid est rapide et parvient à se sauver, Fouad dérape sur une plaque de glace. Patatras ! Le propriétaire de la voiture n’a plus qu’à le maintenir en attendant l’arrivée de la maréchaussée.
Nadine et Sébastien, les deux gendarmes en question, vont se souvenir de la soirée. Car le voleur penaud a le verbe coloré. Une kyrielle d’insultes est déversée. Avec un fil conducteur axé sur la sexualité et l’orientation présumée des militaires. Le voleur propose même un usage particulier et détourné de l’emblématique bâton du gendarme. Le président Marcelin détaille dans le menu les outrages proférés.
« Pourtant, je les aime bien les gendarmes », assure Fouad. « Pourtant vous avez déjà été condamné pour outrage », riposte avec à propos le président. Fermez le ban !
Reste le volet lié aux dégradations et au vol. Nelson, la victime, vient présenter la note. Toutes causes de préjudice, il sollicite un peu plus de 3 000 €, auxquels s’ajoutent les 300 € réclamés par les deux gendarmes.
Devant les gros chiffres, Fouad, qui durant sa garde à vue a balancé son complice, signale qu’il est sans emploi. « Ça veut dire que vous ne paierez pas, hein ? C’est ça ? » réinterprète le président.
« Ben, je veux bien faire un p’tit geste. Si c’est possible de verser un petit peu chaque mois », tente de négocier le prévenu. Une attitude qui finira par excéder le magistrat qui lui signale que le marchandage n’a pas cours à la barre d’un tribunal.
Le procureur surfe sur la vague légère des débats : « Je suis heureux d’entendre que ce monsieur aime les gendarmes. Sauf que ce soir-là, cela ne transparaissait guère… Les propos étaient inadmissibles ». Le représentant du ministère public module ses réquisitions au regard des antécédents des prévenus et de leur casier judiciaire respectif : neuf condamnations pour Khalid, deux pour Fouad.
Le tribunal n’a pas fait de distinguo. Ce sera deux mois avec sursis pour chacun plus 50 € d’amende pour les outrages à l’adresse des gendarmes concernant le prénommé Fouad.
Les duettistes devront verser 2 500 € de dommages et intérêts au propriétaire de la Peugeot dégradée. Enfin, le trentenaire voltigeur au langage d’oiseau devra payer 100 € à chacun des militaires insultés.

http://www.estrepublicain.fr/justice/2013/03/05/etupes-(25)-pourtant-je-les-aime-bien-les-gendarmes

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