mercredi 20 mars 2013

"Je bois jamais à l'arrière de ma voiture parce que ça salit"

Non mais vous voyez, m'sieur le président, les policiers y ont contrôlé mais c'était super festif, au début...", tente le prévenu. Dont l'avocat, Me Denis Fayolle, dira même plus tard que si Ben Aïssa C. a bu un verre de vodka sous le nez des agents, c'était peut-être à leur santé. Soit. Car avec 0,62 mg d'alcool/litre de sang, peut-être que le jeune homme n'avait pas les idées tout-à-fait claires... D'ailleurs, il promet au juge Benoît Delaunay, que ce n'était pas lui qui conduisait en rentrant de discothèque, quand les policiers de Vitrolles les ont contrôlés, aux Pennes-Mirabeau. Reste qu'à l'arrivée des agents, c'était lui, sur le siège conducteur de son Audi A3. Oui mais Ben Aïssa C. va fournir une explication plutôt originale. "J'étais derrière avec ma copine. C'était un collègue qui conduisait, parce que j'étais très alcoolisé. On a croisé la police, dans ce sens, explique-t-il avec un mouvement de la main. Alors ils pouvaient pas voir, c'est qui qui conduisait. Après, on s'est arrêté, parce que mon ami il avait bu deux verres, alors on voulait attendre la fin de la tempête, quoi, et patienter un peu, voyez... Là, j'ai voulu boire un verre, mais moi, je bois jamais à l'arrière de ma voiture, sinon ça salit alors j'suis passé devant et j'me suis assis au volant, que pour boire un verre".
C'est donc la raison, et la seule promet-il, pour laquelle les policiers le trouvent sur le siège conducteur. "Mais le contrôle il était festif au début. Je crois que ce qui a énervé la policière, c'est que j'ai bu le verre devant elle, non ?" Le juge Delaunay, attentif, demande : "Et les outrages et les violences ?" Le prévenu nie formellement, d'autant qu'il répète que le contrôle, "il était vraiment parti de manière festive..." Les trois policiers diront tous, pourtant, que le propriétaire de l'Audi ne s'est pas laissé fire, qu'il a donné un coup de coude à la policière, atteinte à la mâchoire. Contusion attestée par certificat médical. "Ça a disjoncté parce que j'ai pas voulu souffler. Je comprenais pas, moi, c'était pas moi qui conduisais. Pourquoi fallait que je souffle ?" Le tribunal médite sur le sens du verbe "dicjoncter" : "Est-ce à dire que vous avez dit des gros mots ?" Le prévenu : "Z'en ont rajouté, les policiers. J'ai jamais été violent, j'ai pas mis de coups de pieddans le siège comme ils ont dit. J'ai résisté mais j'ai pas donné de coups. Et j'ai peut-être... dit des mauvais mots". L'un des deux témoins, après avoir certifié que Ben Aïssa n'est passé devant que pour boire sa vodka, précise tout de même que des gros mots, il y en a certainement eu. Me Myriam Greco, partie civile, signale que de toute façon, les outrages retenus par la prévention (elle reprend le vocabulaire fleuri) ont eu lieu au commissariat. Elle revient sur l'aspect "festif" des faits : "Comme d'habitude je ne viens pas constater mon état de victime, mais le défendre, encore. Tout est festif, dit le prévenu ? Les policiers ne sont pas à la fête ! En croisant l'Audi, ils voient que les deux personnes assises à l'avant n'ont pas la ceinture. Et ils ont bien visualisé les visages..." Pour le procureur Marion Menot aussi, la théorie du changement de place pour boire un verre paraît étrange : "Comment peut-il passer à l'avant ? Par-dessus le levier de vitesse ? Le verre de vodka, c'est clairement une provocation, il faut arrêter de se moquer du monde. Je suis certaine que ce n'est pas un délinquant d'habitude mais cette nuit-là il n'était pas dans son état normal." Elle requiert 6 mois avec sursis et une suspension de 6 mois du permis.
"Il a eu un comportement inadapté, mais est-il le seul ? J'aurais aimé connaître au moins, sous la plume des policiers, combien ils étaient, dans la voiture... La procédure est simpliste. Mon client reconnaît les outrages et remet spontanément le cannabis qu'il avait dans sa poche ! Alors aujourd'hui, s'il vient ergoter sur le fait qu'il ne conduisait pas, c'est bien qu'il sait pourquoi", plaide Me Denis Fayolle, qui plaide la relaxe. Délibéré le 8 avril.

http://www.laprovence.com/article/actualites/2252913/je-bois-jamais-a-larriere-de-ma-voiture-parce-que-ca-salit.html

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