mercredi 20 mars 2013

Meurtre de Montigny : "Francis Heaulme doit bénéficier d'un non-lieu'

INTERVIEW - La chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Metz doit décider ce jeudi si elle renvoie devant les Assises le tueur en série Francis Heaulme pour le meurtre de deux enfants en 1986 à Montigny. Son avocate Liliane Glock espère un nouveau non-lieu.
Saura-t-on un jour qui a tué Cyril Beining et Alexandre Beckrich ? Les corps de ces deux garçons de 8 ans, avaient été retrouvés le 28 septembre 1986 à proximité d'une voie ferrée de Montigny-lès-Metz (Moselle), le crâne fracassé à coups de pierre. Arrêté quelques mois plus tard, le jeune Patrick Dils avait été condamné à deux reprises avant d'être acquitté en 2002 au cour d'un troisième procès. Ce jeudi la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Metz va dire si elle renvoie le tueur en série Francis Heaulme devant les assises pour ce double meurtre. Le "routard du crime" a déjà été condamné par six fois aux assises dont deux fois perpétuité.

La piste de cet homme était apparue en 1997, lorsqu'un gendarme avait rendu compte d'une conversation qu'il avait eue cinq ans plus tôt avec Heaulme. Ce dernier lui avait indiqué être présent lors du meurtre des deux garçonnets, mais niait en être l'auteur. Les investigations avaient confirmé sa présence dans le secteur à cette époque et conduit à sa mise en examen en 2006. Faute de charges suffisantes, il avait obtenu un non-lieu en 2007, avant que la Justice n'ordonne deux suppléments d'information successifs, en 2008 et 2009.

En octobre dernier, le parquet général de Metz avait estimé qu'il existait suffisamment de charges pour renvoyer le "routard du crime" aux assises. Les familles des victimes sont pour leur part partagées : si la mère de Cyril Beining souhaite un quatrième procès, la grand-mère d'Alexandre Beckrich croit en l'innocence de Heaulme. Pour l'avocate de Francis Heaulme, Me Liliane Glock, les suppléments d'information menés dans cette affaire doivent conduire à un non-lieu.
MYTF1News : Pensez-vous que Francis Heaulme doit aller devant une cour d'assises pour le double meurtre de Montigny-les-Metz ?
Liliane Glock, avocate de Francis Heualme :
Mon client a toujours contesté la moindre culpabilité dans cette affaire. C'est quelqu'un de déjà vieux, que la prison a abimé. Il a fait deux infarctus il n'y a pas longtemps et donc, lui, n'a aucune envie de se retrouver dans un nouveau procès. Si vous me demandez mon avis à moi, en tant qu'avocate, je suis convaincue que le non-lieu va être confirmé jeudi. Le réquisitoire du procureur général, qui souhaite le renvoi de mon client aux assises est accès uniquement sur les résultats des compléments d'information, sauf que ces compléments d'informations n'apportent rien. Entendre et réentendre des détenus, ce n'est pas cela qui va changer la face d'un dossier. Mais si jamais il faut aller aux assises, alors on ira. L'audience ne m'effraye pas et je sais déjà ce que j'aurai à dire devant la cour, mais je lui garderai la primeur de ces déclarations.
MYTF1 News : Avant de revenir sur ses déclarations, Francis Heaulme a plusieurs fois reconnu être monté sur la butte le jour où les deux enfants ont été tués et a même admis avoir "retourné l'un des deux corps"...
L.G. :
Mon client a reconnu tout et n'importe quoi, pressé par les gendarmes. Francis Heaulme a un QI de 63, il est épuisé et il a une personnalité que l'on peut qualifier de particulière, pour ne pas être péjoratif. C'est quelqu'un qui est capable de vous donner cinq versions différentes en 10 minutes. Le problème est qu'il n'a jamais donné aucune indication qui permettrait de dire qu'il est passé par Montigny-les-Metz le jour du crime. Par exemple, quand je lui demande s'il y avait une ambulance sur les lieux, il me répond oui. Mais quand je lui demande où elle était, il ne sait pas où la mettre ou la place n'importe où. Voilà comment cela se passe avec lui.
MYTF1News : Cela ne peut-il pas aussi être de la manipulation ?
L.G.
: Ca, c'est l'hypothèse de la gendarmerie, qui considère que Heaulme est instinctivement très doué pour rouer. Mais c'est faux. Il n'a jamais cherché à dissimuler les crimes pour lesquels il a déjà été condamné. Il n'accomplit aucun acte en ce sens. Pour la terrible affaire du petit Joris Viville (ndlr : garçon belge de 10 ans tué le 5 avril 1989 près de Saint-Tropez), quand Francis Heaulme est rentré à l'établissement qui l'hébergeait il a demandé à voir la psychologue pour lui dire qu'il venait de tuer quelqu'un et la psychologue ne l'a pas pris au sérieux. Chacun l'a laissé à sa délinquance et à sa misère. La vérité c'est que la société ne s'est jamais intéressée à lui. C'est moins honorifique comme discours mais c'est plus réaliste.
 

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