dimanche 17 mars 2013

La Teste-de-Buch : un homme à la fois commanditaire et victime

Simon Lopez, dit « Canette », quadragénaire originaire de la communauté des gens du voyage, a récemment été condamné par défaut à deux ans de prison dont un ferme par le tribunal correctionnel de Bordeaux. Il était jugé pour avoir volé deux revolvers et deux pistolets au domicile d'un paraplégique, en juillet 2008 à La Teste-de-Buch.
Mais derrière la qualification pénale des faits de « vol facilité par l'état d'une personne particulièrement vulnérable », se cachent en fait tous les ingrédients d'un véritable polar.

La victime, désormais lourdement handicapée et alitée, est un ancien voyou du quartier Bacalan à Bordeaux. Passionné d'armes à feu qu'il détenait régulièrement, il s'était inscrit dans un club de tir. Son auxiliaire de vie, hébergé en échange de son aide au quotidien, affiche également un casier judiciaire bien garni.
Un contrat de 10 000 euros
Ne pouvant faire le travail lui-même, l'ancien voyou avait souhaité engager deux hommes de main pour « flanquer une bonne correction » à un individu qu'il soupçonnait d'agressions sexuelles sur sa fille. Pour 10 000 euros. Mais, au dernier moment, doutant du sérieux de ses deux recrues, il avait renoncé à ce contrat.
Les deux hommes, dont Simon Lopez, avaient cependant été reçus chez lui. Ils avaient eu le temps de repérer l'emplacement d'un coffre-fort contenant les armes de poing, de constater que l'ancien voyou dormait une grande partie de la journée à cause de son traitement, que la porte d'entrée était toujours ouverte pour permettre l'intervention des secours en cas d'urgence et que les clés du coffre se trouvaient sur le lit… Il n'en fallait pas davantage pour orienter les soupçons sur Simon Lopez et son comparse.
Règlements de compte
Là où l'affaire se corse encore, c'est que les armes dérobées ont été utilisées à des fins délictuelles. Non pas pour exécuter le contrat initial, mais pour régler des comptes.
Fin décembre 2008, le pistolet Beretta de calibre 9 mm Parabellum avait été utilisé dans un campement de gens du voyage à Mont-de-Marsan où une voiture avait également été incendiée. Le 1er avril 2009, le Colt 45 avait servi à Angers à des tireurs qui voulaient se faire justice eux-mêmes.
Finalement interpellé en juillet 2009, « Canette » a toujours affirmé que les armes lui avaient été remises par l'ancien voyou de Bacalan. Une thèse peu crédible pour le tribunal correctionnel de Bordeaux qui a fait siens les arguments de l'ordonnance de renvoi.
« La remise volontaire et spontanée [des armes] dans le but de commettre des méfaits, à caractère délictuel voire criminel, apparaît peu concevable non seulement en raison de leur traçabilité mais aussi en raison des soupçons qui auraient immédiatement pesé sur lui compte tenu des liens » avec la cible du contrat.
Les armes ont bel et bien été volées. Le commanditaire est devenu victime. L'arroseur arrosé.
http://www.sudouest.fr/2013/03/11/un-homme-a-la-fois-commanditaire-et-victime-990453-2918.php

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