Le dossier de l'injustice", note le procureur Julien Pronier. Qui enchaîne : "Nous pourrions être aux assises. Avec ce prévenu, que l'on appellerait 'accusé', et une autre victime, pour un homicide volontaire. Et c'est précisément celui qui a évité qu'on soit aux assises, qui est mort". Sur le banc des prévenus, Icham Chaoui, jugé, donc, pour homicide involontaire.
La victime est son cousin, Samir Azouzi, mortellement blessé par l'arme de poing qu'Icham Chaoui avait apportée le 5 avril 2008, en boîte de nuit à Rognac, pour les protéger, lui et son cousin. Soirée bien funeste, et très arrosée, au terme de laquelle Icham Chaoui a eu une altercation avec un autre jeune d'Avignon, Abderrazak. Tous se connaissent. Sur le parking de la discothèque, une première bagarre éclate.
Samir parvient à tempérer son cousin : "J'avais bu, y'avait que lui qui pouvait me calmer. Il m'a dit, on rentre". Aucun coup de feu n'est tiré. Samir prend, sans doute pour éviter le pire, l'arme avec lui. Trois voitures repartent direction le Vaucluse mais font une halte au péage de Lançon, vers 5h du matin. "Pourquoi cet arrêt ?", demande le juge Benoît Delaunay. "J'sais pas trop, j'avais bu".
Touché à l'artère fémorale
Ce qui est sûr, c'est que l'altercation reprend entre Abderrazak et Icham. Samir, lui, garde l'arme dans son pantalon. "Ça s'envenimait. Il a mis la main à mon avis pour tirer en l'air ou pour que tout le monde s'écarte. J'ai mis la main sur ses mains mais pas sur la gachette. J'ai pas tiré, j'ai pas appuyé sur la détente", répète Icham. Son cousin, touché à l'artère fémorale, décède à l'hôpital, malgré l'intervention des pompiers. Les gendarmes de l'autoroute arrivent, et emmènent les protagonistes.
Qui s'entendront sur une version collective : la victime a été atteinte par le tir d'un inconnu. Icham Chaoui, lui, attend à l'hôpital, des nouvelles de son cousin. Sur l'arme, le prévenu tente : "On était jeunes, c'est des conneries". L'assesseur Galli demande : "Cocktail alcool et drogue. Arriver avec une arme et une balle dans le canon, et expliquer qu'on était jeunes, c'est un peu court."
Un autre jeune comparaît, pour avoir caché et enterré l'arme. Me Marza, plaidera sa relaxe : "Il l'a cachée pour éviter le pire. Il a même servi la justice !" Soit. En partie civile, Mes Isabelle Terrancle et Emmanuel Favre rappellent l'onde de choc qu'a suscité ce drame, au sein d'une même famille, aujourd'hui éclatée. Ils interviennent pour le père de la victime, ainsi que sa compagne et mère de ses deux enfants, "dévastés par le chagrin et qui veulent la vérité".
Vérité que le procureur Pronier veut établir en démontrant la responsabilité pénale du prévenu : "Que le lien de causalité soit direct ou indirect, il a créé les conditions du dommage". Reprenant les témoignages, il requiert 2 ans dont un avec sursis et mise à l'épreuve, après avoir bâti la responsabilité pénale d'Icham. Dont l'avocat, le bâtonnier Patrick Gontard, souligne qu'il "aimait son cousin, s'est accusé moralement, car c'est humain, car il sait qu'avoir apporté l'arme était tout sauf une bonne idée". La défense déplore l'absence d'Abderrazak, "grand absent". Pour autant, est-ce lui qui a créé les conditions du drame : "Personne n'a donné de version définitive". Délibéré le 21 mars.
http://www.laprovence.com/article/actualites/vaucluse-juge-pour-la-mort-de-son-cousin-tue-par-arme-a-feu
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