mercredi 10 avril 2013

Carcassonne. La fusillade : le 3e RPIMa à la barre

Ce matin, devant le tribunal correctionnel de Montpellier, s'ouvre le procès de l'accident survenu le 29 juin 2008, lors des journées portes ouvertes du 3eRPIMa de Carcassonne. Ce jour-là, 16 spectateurs avaient été blessés accidentellement lors d'une démonstration d'un groupe de commandos parachutistes.
Le dimanche 29 juin 2008, le 3e RPIMa de Carcassonne s'apprête à faire tomber le rideau avec ses journées portes ouvertes. Curieux, le public a répondu en masse à l'initiative du régiment parachutiste. Vers 17 heures, pourtant, tout va basculer.
C'est l'heure de la dernière démonstration dynamique d'un groupe de soldats d'élite : le groupe commando parachutiste (GCP). Des hommes rompus aux opérations coup-de-poing, des soldats entraînés pour leur maîtrise d'eux-mêmes et de leurs armes. L'exercice qu'ils miment est celui de l'exfiltration d'otages détenus par des terroristes. Le scénario est rodé. Tandis qu'un groupe de marsouins investit la cache où sont regroupés des civils retenus en otages, d'autres parachutistes sont en position et doivent assurer leur protection. Le «film» a été répété le jeudi et le vendredi, lors de la mise en place des portes ouvertes et supervisé par le commandant en second du régiment, le lieutenant-colonel Peyre. La démonstration sera jouée à cinq reprises sans incident le samedi et ce, jusqu'à ce funeste dimanche.
Pour accentuer le réalisme, les marsouins font usage de leurs Famas (fusils d'assaut) chargés de munitions à blanc. Tandis que le groupe chargé d'exfiltrer les otages est entouré de fumigènes. Mais lors de cette sixième et dernière démonstration, un sergent engage un ultime chargeur dans son arme. Mais celui-ci ne contient pas uniquement des munitions non-létales. Le marsouin tire plusieurs rafales en direction des «terroristes» et seize personnes, massées derrière, s'écroulent, victimes d'éclats de munitions de guerre.
Près de cinq ans après le drame, six militaires sont appelés aujourd'hui à la barre (1). Le principal prévenu, Nicolas Vizioz (32 ans), l'auteur des coups de feu, poursuivi pour blessures involontaires sera accompagné sur le banc des prévenus par l'ancien chef de corps du «3», Frédéric Merveilleux du Vignaux. Le commandant en second du régiment, l'armurier ainsi que les deux supérieurs du sergent Vizioz complètent la liste des mis en examen. Tous aujourd'hui ont quitté l'armée. De gré ou de force.
De la très longue instruction , il ressort que le régiment a failli dans l'organisation des portes ouvertes. Outre le fait que la réglementation militaire prescrit seulement «d'ouvrir le feu sur les objectifs désignés», les organisateurs ont eu la volonté note le juge, de privilégier «le caractère spectaculaire de la démonstration» mais «qu'impliquer le public au cœur de la scène un spectacle par nature violent présentait un danger». Et de rajouter : «Ce danger a été insuffisamment pris en compte par les organisateurs. Sa réalisation a concouru au dommage».
Premier des mis en examen, Nicolas Vizioz a toujours assumé ses responsabilités reconnaissant avoir conservé un chargeur dans son brelage contenant entre dix et vingt cartouches de guerre.
Le drame du 29 juin 2008 était écrit ou presque.
(1) Le tribunal de grande instance de Montpellier est seul compétent pour traiter des affaires militaires pour la région Languedoc-Roussillon.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/04/10/1602387-carcassonne-la-fusillade-du-3e-rpima-a-la-barre.html

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