Le fondateur de
PIP, Jean-Claude
Mas, au cœur d'un scandale mondial d'implants mammaires frelatés, a
demandé mercredi pardon à ses victimes. "Aux plaignantes, je demande de bien
vouloir m'excuser pour le gel utilisé par PIP depuis 1992", a-t-il dit à
quelques journalistes au sixième jour d'un procès hors normes
prévu pour durer jusqu'au 17 mai. "Le syndrome de l'anxiété qui a été décrit est
vraiment réel. Je comprends qu'elles souffrent et qu'elles aient peur", a-t-il
ajouté.
Jean-Claude Mas, dont la société a vendu au moins
300.000 prothèses dans le monde, a admis à la barre avoir utilisé un "gel
maison" non conforme pour la fabrication de ses prothèses mais il a nié que
celles-ci soient plus dangereuses que celles de la concurrence.
"C'est un problème de morale, d'honnêteté"
Autre fait marquant de cette journée de procès : la venue à la
barre d'un responsable Recherche et Développement chez PIP, Alban Gossé un des
rares salariés à avoir démissionné face à la fraude au gel de prothèses.
Interrogé par le tribunal correctionnel de Marseille, il a témoigné de la
difficulté à quitter l'entreprise. Engagé dans l'usine varoise en 1997 - son
premier emploi -, "sous l'autorité de M. Mas" (le patron), l'ingénieur
aujourd'hui âgé de 38 ans apprend quelques années plus tard que la marque
utilise, en plus du gel certifié, un gel non réglementaire.
"J'ai appris que le gel utilisé en production n'était pas celui
que je citais dans mes dossiers techniques", a raconté le témoin, expliquant
avoir quitté l'entreprise en 2006 après avoir tenté d'en partir dès 2003. "C'est
un problème de morale, d'honnêteté", a-t-il dit. "Déontologiquement je ne
pouvais pas rester," dit l'ancien salarié, que la direction de PIP finit par
accepter de licencier début 2006. "Je n'avais pas beaucoup d'armes pour
manifester mon désaccord, c'est compliqué de convaincre sa direction", a-t-il
expliqué
Une économie de 1,2 millions d'euros pour PIP
Par ailleurs, l'abandon par la firme Poly Implant Prothèse
(PIP) du "gel maison" a été envisagé en 2005 mais s'est heurté au refus du
fondateur de la société, Jean-Claude Mas, ont précisé mercredi d'anciens cadres
de l'entreprise. Avec un coût inférieur de 10 euros pour le "gel maison" par
rapport au gel homologué Nusil, le choix d'un retour progressif à la norme a été
abandonné. Pour la seule année 2009, le tribunal, où est jugée l'affaire, a
précisé que l'économie réalisée grâce au gel PIP a été chiffrée à près de 1,2
million d'euros.
Cinq personnes - le fondateur de PIP Jean-Claude Mas et quatre
anciens cadres - sont poursuivies dans ce procès pour tromperie aggravée et
escroquerie. Plus de 5.000 porteuses d'implants ont porté plainte.
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