jeudi 23 mai 2013

A son procès, Meilhon affiche une assurance déconcertante

C'est un peu comme-ci il n'avait pas eu le choix. Jamais. Qu'il était, finalement, la première victime de son passé. La cour d'assises de Nantes a passé au crible, jeudi matin, la personnalité de Tony Meilhon, accusé d'avoir enlevé tué et démembré Laetitia Perrais. Debout, calme, voix claire, vêtu d'un tee-shirt blanc et d'un blouson noir légèrement ouvert comme la veille, il répond sans hésitation aux questions que lui pose le président, Dominique Pannetier.

Il donne son impression sur sa première incarcération en avril 1996, à 15 ans : « C'est mitigé, au départ c'est difficile, on se demande dans quoi on a atterri. J'avais vu des films. Qu'est-ce qui se passe dans les douches ? Est-ce qu'on va prendre un coup de lame ? Ca fait peur. Et puis avec le temps, ça ressemble un peu à un foyer mais sans liberté. C'est un peu plus strict ». Il poursuit : «Ma première peine de prison a nourri de la haine en moi, un esprit de vengeance ».  Il revient sur ses relations difficiles avec sa mère qui le rejette, son frère qui le fait fumer. Son beau-père ?  «Il est la cause de tous mes ennuis. Mes mauvais résultats et mes premiers actes de délinquance résultent de son arrivée », lâche-t-il.

«Tout le monde n'a pas la même vie que moi »

A peine sorti de prison, celui qui n'est encore qu'un adolescent, fugue les foyers, plonge dans la délinquance. Vols de Ford Fiesta, braquages... la spirale est enclenchée.  Dès octobre 96 il retourne derrière les barreaux. « La violence est montée crescendo », reconnait-il, sans trop pouvoir l'expliquer autrement que par son enfance malheureuse. Interrogé sur l'épaisseur de son casier judiciaire que « tout le monde n'a pas pour autant », il répond : «Tout le monde n'a pas la même vie que moi ».

La cour passe un long moment ensuite sur sa première condamnation devant une cour d'assises. C'était en 2001, pour viol et violences sur un codétenu. Des faits qui remontent à 1997, en réalité.  Si Tony Meilhon a reconnu les coups, il  a toujours nié le viol. «Je l'ai tapé pour lui faire payer ce qu'il a fait à la petite fille », mais pour le viol, il estime être « victime d'une erreur judiciaire » et monte d'un ton : « c'est pas moi le détraqué le sexuel. J'ai jamais violé quelqu'un. C'est contrenature avec ce que je suis ». « En reconnaissant le viol, vous vous seriez retrouvé en position de pointeur dans la prison ?, lance le président. « Aujourd'hui j'ai changé, la justice peut se tromper : Outreau, Sécher », répond Meilhon. « Restons sur votre parcours » rétorque gentiment le président. Quelques rires discrets s'échappent de la salle.
Les femmes et leur « arme de destruction massive »
Sur sa violence ? Meilhon émet quelques remords. «Je regrette ce que j'ai fait, j'ai du remord et de la compassion pour les victimes. C'est hallucinant ». Au sujet des femmes qui ont croisé sa route et qui le disent violent, il répond : «C'est assez courant pour les femmes de dire des choses comme ça ... pour se débarrasser de moi. C'est symptomatique d'une femme.... Certaines le disent par vengeance, d'autres pour se débarrasser de moi, c'est leur arme de destruction massive ».  «Je vous laisse seul juge de vos propos sur les femmes », coupe le Président . «C'est une généralité de ce qu'il connaît », enchaîne Me Fathi Benbrahim, tentant de récupérer le coup....
« J'ai fait des choses bien aussi »
Un peu plus tard, Tony Meilhon regrettera qu'on ne retienne que « des faits négatifs » sur lui. « J'ai fait des choses bien aussi (...) En prison, j'ai sauvé plusieurs personnes en direct aussi, dans des bagarres ». Quand viennent les questions des parties civiles, et notamment les questions de Me Cécile de Oliveira, l'avocate de Jessica, la sœur jumelle de Laetitia, sur sa violence envers certaines femmes, Tony Meilhon excelle dans la maîtrise de son procès. Il sort une pochette à élastiques verte. On aperçoit des coupures de presse. Il en extirpe des PV d'auditions et contrecarre systématiquement les propos de l'avocate.

A 12h15 le président décide de lever l'audience. A la sortie, Cécile de Oliveira confie ses impressions à MyTF1News. « Je trouve qu'à cette heure, il est dans un contrôle excellent. Il met toute son énergie à sa défense, il a des capacités de manipulation très bonnes. Il nous plaque un discours très adapté à une accusation devant une cour d'assises. Je trouve aussi qu'il n'accepte pas pour autant une introspection minimum nécessaire après ce qui s'est passé. La part d'affect, la part sexuelle dans cette violence. C'est essentiel, mais il n'en est pas là manifestement ».


http://lci.tf1.fr/france/justice/a-son-proces-meilhon-affiche-une-assurance-deconcertante-7974545.html

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