Il revenait à Charlotte Béluet, l'avocat général, de se faire à la fois le porte-voix de la loi et de la grand-mère défunte, cette absente dont l'ombre planait sur cette audience. Rappelant que le petit-fils indigne était théoriquement passible de la perpétuité, la peine juste, pour Charlotte Béluet, c'est 18 ans de prison. Réquisition dont la sévérité est justifiée par «cet acte monstrueux. La compassion des parents n'efface pas la gravité de l'acte. Il n'y a pas de valeur plus importante que la vie. Le devoir des jurés est de dire que la limite de l'acceptable a été franchie.»
Le rêve devenu cauchemar
Et Charlotte Béluet à l'appui de sa démonstration de redire l'horreur, la grand-mère jetée à terre, achevée à coups de pieds, à demi calcinée et le comportement peu glorieux avant et après de celui qui venu la voler «a pris sa grand-mère pour un tiroir-caisse».«Oui, c'est choquant de voir que ce qui ne paraît pas possible existe», reprend en écho Me Nicolas Raynaud de Lage, pour qui «juger c'est comprendre». Il a décrit «le voile noir» qui a obscurci les yeux et la raison d'Aurélien, pris de fureur, quand sa grand-mère a eu des phrases très dures, dévastatrices peut-être, pour le petit-fils financièrement aux abois venu quêter ou prendre l'argent. Et l'avocat d'évoquer «le rêve brisé de former un couple normal et de fonder une famille avec Magali Mativet dont il était follement amoureux, l'épouse puis la veuve du rugbyman Daniel Santamans, celle-là même qu'il emmène au restaurant le soir du crime avec l'argent volé à Renée, pour prolonger une ultime soirée ce rêve» devenu cauchemar.
«A la Emma Bovary»
«Il n'a pas été capable d'encaisser les phrases de la grand-mère sur l'échec de sa vie et ça a été l'explosion. Il a voulu la faire taire», ajoute Me Laurent Boguet, décrivant la descente aux enfers d'Aurélien, «devenu l'amant jardinier de la jeune madame Santamans, dans cette histoire à la Emma Bovary et qui aussi finit mal. Il avait déserté cette planète pour celle de Magali, dont il était le Petit prince. Quand lui lisant les déclarations de Magali, je lui ai révélé qu'elle ne l'aimait pas ou plus, j'ai failli ne plus être son avocat, car il ne voulait pas me croire.»Et Me Boguet de dire, que comme l'œil de Cain, Aurélien aura toujours sur la conscience la mort de sa grand-mère, avant d'inciter les jurés «à prendre un pari sur l'avenir. Il faut qu'il sorte de cet enfer.»
Deux heures après, le verdict tombe : 15 ans de réclusion. Une décision mesurée qui satisfait toutes les parties dans cette douloureuse affaire. Après l'enfer, le purgatoire.
http://www.ladepeche.fr/article/2013/05/23/1632774-couffouleux-15-ans-prison-petit-fils-meurtrier-repentant.html
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