mercredi 25 septembre 2013

Mort de Lola en 2011 à Calais : « Le bébé a été secoué et projeté »

La cour d’assises de Saint-Omer a interrogé le père puis la mère de Lola mardi pour tenter de comprendre ce qui s’est passé le soir du 25 janvier 2011 à Calais. Pompier, policiers, médecins légistes ont défilé à la barre pour apporter de nouveaux éléments sur les faits. On sait désormais avec certitude que la petite Lola a perdu la vie après avoir été projetée « contre quelque chose de dur ». Mais il reste encore bien des zones d’ombre autour de sa mort.
On parle de la mort d’un bébé de sept semaines. La question n’a jamais été aussi concrète que mardi, dans cette salle d’audience de la cour d’assises, quand ont défilé les terribles photos de la petite Lola. Visage et corps tuméfiés, bleus, sans vie. On parle de la mort d’un bébé de sept semaines, et pourtant... Il y a comme un malaise depuis le début de ce procès. Cette sensation qu’on ne connaîtra jamais vraiment la vérité. L’impression amère que tout n’est pas dit.
Dans le box des accusés, le père s’exprime toujours avec autant de difficultés. Comme s’il ne comprenait pas ce qu’on attend de lui. La plupart du temps, il a la main plaquée sur la joue. Prostré. Il tremble. Mais il reste impassible. À tel point que la présidente Degouys s’énerve : « Laura Hyart est émue quand elle parle de la mort de sa fille, vous rien ! Elle est morte ! Sa vie s’est arrêtée à sept semaines ! Ça fait deux ans et demi que vous êtes en prison, et c’est tout ce que ça provoque chez vous ? » Mais Frédéric Dupuich ne craque pas. On sait que, le soir des faits, il avait beaucoup bu. Qu’il était sous l’emprise de médicaments - psychotropes, antidépresseurs, dans un état vaseux. Qu’il a appelé sa famille au secours parce que Lola pleurait et qu’il ne savait plus quoi faire. Qu’il a échangé des dizaines de SMS d’insultes avec Laura, jusqu’à 20 h environ. Puis plus rien. Il se sentait terriblement mal ce jour-là. Mais il persiste : ce n’est pas lui qui a porté le coup fatal à sa fille. Il désigne directement son ex-compagne, qu’il dit avoir surprise « en train de secouer Lola et de la jeter dans le lit ».
Laura Hyart présente une toute autre version : ce soir-là, quand elle est rentrée, elle s’est mise dans une colère noire en constatant que son compagnon avait bu. Elle a cherché Lola, puis l’a trouvée dans la chambre : toute blanche, le visage bleu, les yeux fermés, gonflés. Elle s’est précipitée dans la cuisine et a crié : « Qu’est-ce que t’as fait à Lola ! Pourquoi elle est toute bleue ? ! ». Des voisins l’ont d’ailleurs entendue. D’après la jeune femme, Frédéric Dupuich, lui, « rigolait »...
Deux versions, donc. La cour, hier, a cherché à vérifier si celle de l’accusé était plausible. Si la mère, rentrée au domicile après 22 h 46 (l’enquête a prouvé qu’elle était revenue après avoir retiré de l’argent à cette heure précise) avait pu s’en prendre à sa fille jusqu’à causer sa mort, avant d’appeler les pompiers un quart d’heure plus tard... Difficile à croire, mais « possible », ont répondu les médecins légistes. Ils ont confirmé que Lola présentait tous les symptômes du bébé secoué. Mais pas seulement : la petite est morte parce qu’elle a été « projetée contre quelque chose de dur », et non pas à cause des secousses. L’autopsie a révélé une fracture du crâne de quatorze centimètres. Un coup fatal.

http://www.lavoixdunord.fr/region/mort-de-lola-en-2011-a-calais-le-bebe-a-ete-ia33b48581n1569228

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