mercredi 29 janvier 2014

Alsace: procès en appel pour un jeune parricide

Un homme de 26 ans, condamné début 2013 à 20 ans de réclusion pour avoir tué au couteau, à la hache et au marteau son père décrit comme tyrannique, est rejugé à partir de demain à Colmar.

Lors de son premier procès, à Strasbourg,
Frédéric Bohnert avait expliqué son geste par la nécessité de se "protéger", mais aussi de protéger sa mère, contre les multiples violences verbales et psychologiques infligées par son père. Il avait expliqué comment, après des années de souffrance, il avait décidé de tuer Robert Bohnert, un comptable à la retraite de 68 ans, un soir de novembre 2010 au domicile familial de Schiltigheim (banlieue de Strasbourg).

L'un des enjeux de ce deuxième procès, qui se tient les deux prochains jours  devant la cour d'appel du Haut-Rhin, sera de faire en sorte que les jurés "entendent cette souffrance", et ne retiennent "pas seulement l'horreur des faits", a expliqué Me Jocelyne Klopfenstein, l'avocate de Frédéric Bohnert. La peine de 20 ans infligée en première instance - alors même que le ministère public n'avait requis que 15 ans - est "infiniment trop sévère, il ne méritait pas ça", a martelé l'avocate.

Au procès de Strasbourg, les témoins avaient décrit l'accusé comme un jeune homme timide, sérieux, immature et non violent.
Une experte psychiatrique avait même affirmé aux jurés que Frédéric Bohnert n'avait "pas (eu) le choix". "Il fallait qu'il tue le tyran pour pouvoir exister, pour pouvoir vivre", avait-elle dit.
"On vivait dans la terreur"

L'accusé avait raconté une enfance marquée par l'indifférence du père. Le procès avait mis en lumière un huis clos familial entre un père autoritaire et insensible, une mère soumise et terrorisée et un fils unique introverti et solitaire, ignoré par son père et couvé par sa mère. "Une voix m'a dit de le tuer", avait-il assuré: il avait attendu qu'il soit couché pour le frapper mortellement à des dizaines de reprises. Sous la violence des coups, le père lui avait crié: "Arrête, tu vas aller en prison!" "Je lui ai dit que la prison serait mieux que l'enfer que je vivais depuis 23 ans", c'est-à-dire depuis sa naissance, avait raconté le fils.

Lors du premier procès, Frieda Bohnert, mère de Frédéric et veuve de Robert Bohnert, était venue soutenir son fils. "On vivait dans la terreur" avait-elle témoigné. A l'inverse, pratiquement personne n'était venu défendre la mémoire de la victime, dans ce procès sans partie civile.

Après plus de trois ans de prison, Frédéric Bohnert a commencé à évoluer, assure Me Klopfenstein. "Il peut désormais considérer son père autrement que comme un tyran, il peut dire 'mon père'"."C'est un gamin touchant, en grand désarroi", conclut l'avocate.


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