jeudi 30 janvier 2014

Montauban. Incarcéré depuis 1986 pour braquages, Philippe "ne veut pas mourir en prison"

Le procès en appel qui s’ouvre ce matin devant la cour d’assises n’aurait rien d’exceptionnel à justement être évoqué devant la juridiction montalbanaise. Sauf que le prévenu l’est à plus d’un titre. Philippe Lalouel 46 ans est incarcéré depuis 1986. Il avait juste 19 ans lorsqu’il pénétra pour la première fois dans l’univers carcéral. Et depuis il ne l’a quitté qu’à une seule reprise en 2010 pour une conditionnelle au cours de laquelle il rechuta.
De retour en prison il continua alors de purger une peine incompressible qui s’achèvera en 2019. Mais voilà, qu ‘en décembre 2012 devant la cour d’assises de Haute-Garonne il a écopé de 20 ans pour quatre hold-up (notre encadré). Ce qui devrait le condamner à rester dans une maison d’arrêt jusqu’en 2 039. Un record à n’en pas douter (1) surtout pour quelqu’un qui n’a jamais blessé ou plus quiconque.
Depuis le verdict de la cour d’assises de Toulouse un comité des amis de Philippe s’est constitué avec des journalistes, réalisateurs, la compagne du détenu (Monique) et aussi notamment Act’up Sud-ouest. Ensemble avec la nouvelle avocate du prévenu Delphine Boessel du barreau de Paris ils vont durant deux jours tenter d’éviter que le coupable soit condamné à «une peine d’élimination sociale».

Séropositif depuis 27 ans

Car Philippe Lalouel blessé par un policier, lors d’un braquage à Marseille en 1986, est transfusé à l’hôpital. Où en pleine affaire du sang contaminé il contracte le VIH.Depuis le traitement lourd inhérent à cette tri thérapie, fait de ce prisonnier atteint du Sida un mort en sursis. Ne sachant pas s’il va en réchapper par deux fois dans les années quatre-vingt-dix il s’évade, commet plusieurs vols sans violence et voit son compteur de condamné augmenter jusqu’en 2019. Ce ne sont pas les faits en eux-mêmes qui sont contestés mais l’univers confiné dans une cellule avec des soins parfois à minima alors qu ‘ il pourrait bénéficier d’un autre statut.
Tout cela justement faisait l’objet hier d’un point presse organisé par son comité de soutien : «On ne veut pas que Philippe écope d’une peine d’élimination sociale». Lui d’ailleurs ainsi que le disait sa compagne Monique qui l’a visité il y a peu à Seysses affirmait : «J’ai espoir. Je ne veux pas mourir en prison, je veux vivre libre». Il appartiendra à la cour et aux jurés de décider en leur âme et conscience.
(1) Vendredi dernier on a libéré à Fresnes Philippe El Shennawy qui était incarcéré depuis 38 ans pour des braquages. Il y a à l’heure actuelle plus de 1 000 détenus purgeant des longues peines. Trois sont derrière les barreaux depuis au moins 40 ans. Maurice Gateau 77 ans, qui le 6 avril 1965 tua un agent de la force publique.
André Pauletto 77 ans incarcéré à Caen pour avoir tué sa femme en 1967, puis à sa libération conditionnelle en 1977 il tua sa fille. Il fut condamné à la peine capitale et à 47 ans fut sauvé de la guillotine par l’abolition de la peine de mort adopté grâce à Robert Badinter. Enfin Serge Lebon un Réunionnais qui tua son père à l’âge de 19 ans est détenu depuis 42 ans et a séjourné dans neuf prisons différentes.

En 2010, il cosigne quatre braquages en Comminges

Michel Gallia l’ex chauffeur de bus de la SEMVAT,flambeur au Casino de Salies-du-Salat (qui n’a pas fait appel de ses huit ans de condamnation ) rencontre en 2010 Philippe Lalouel, un grand maigre. Entre deux cafés, et trois passages aux machines à sous, les deux nouveaux copains ont pensé attaques à main armée. La peur au ventre selon Michel Gallia, Lalouel et lui sont donc «montés» au braquage. Et le duo a volé des voitures. Avant de tomber entre les mains de la police judiciaire. Le groupe de répression du banditisme les a serrés en flag, le 23 avril 2010, après une attaque manquée à La Poste de Noé.
Au total on reproche à ce duo quatre faits .«Un mode opératoire simple, identifiable et superposable ! Et vous n’avez pas fait très compliqué. Vous braquiez autour de Cazères, là où vous habitiez», constate d’ailleurs le président Cousté lors du procès d’assises de décembre 2012 à Toulouse . «On partait et on faisait là où on allait», répond Michel Gallia. Vision peut être réductrice de trois mois de dérive . Deux attaques réussies à Mazères-sur-Salat le 27 février 2010 et à Mane, le 20 mars, permettent aux deux hommes de rafler plus de 20 000 €.
À Labarthe-Inard puis à Noé, le 23 avril leurs attaques sont des échecs et l’arrestation immédiate.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/01/30/1806417-philippe-ne-veut-pas-mourir-en-prison.html

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