vendredi 28 février 2014

Toulouse. Une rixe mortelle entre deux étudiants jugée aux assises

Devant les assises de la Haute-Garonne, Paul Vagapoff, un étudiant est accusé du meurtre de Gilles Cazade, 21 ans. Trois coups de couteau point final d’une altercation absurde.
Ces deux-là auraient pu se croiser, s’apprécier, rigoler ensemble. D’ailleurs, le soir du 1er octobre 2011, autour d’une station de VelôToulouse au début de l’avenue Etienne-Billières à Toulouse, ils se sont tour à tour chambrés, engueulés, menacés, réconciliés avant de finalement s’entre-tuer. Paul Vagapoff, 22 ans la nuit du drame, fou de rage pour une réflexion de trop, a couru et porté trois coups de couteau à Gilles Cazade. Victime d’une hémorragie, ce Landais de 21 ans s’est effondré. Pompiers et équipe d’intervention du Smur 31 ont essayé d’éviter l’irréparable. Sans succès.
«Deux vies gâchées. Celle de la victime, de sa famille, à qui je pense bien sûr, mais aussi celle du garçon aujourd’hui accusé», avait résumé le procureur Michel Valet lors de la mise en examen du suspect le 2 octobre 2011.
Que va dire Paul Vagapoff, incarcéré depuis les faits, devant les jurés jusqu’à mardi ? Dès les premières heures de garde à vue, il s’inquiétait de ce qu’il allait pouvoir dire pour excuser un geste que lui-même semblait avoir du mal à comprendre. Pendant un temps assez imprécis, les deux groupes se sont «chauffés». Au départ la victime et son «presque frère» Anthony, venu spécialement des Landes pour faire la fête à Toulouse, essayaient de récupérer des VélôToulouse. Une opération difficile, l’alcool n’aidant pas les manipulations. Au balcon d’un appartement, Paul Vagapoff et ses amis ont commenté leurs déboires. Des mots, des phrases… Ceux de l’appartement sont descendus, le ton est encore monté, puis redescendu avant de presque se calmer.
Seulement entre-temps Paul Vagapoff est allé chercher un couteau «pour se défendre». De quoi ? De qui ? Lui-même ne sait pas trop. Sauf que quelques minutes plus tard, une ultime remarque alors que Gilles Cazade s’en allait lui fait «péter les plombs». Cette rage s’est traduite par les coups de couteau quand l’accusé a toujours dit qu’il voulait, au départ, donner des coups de poing.
L’alcool explique sans doute, en partie, cette embrouille aux conséquences tragiques. Et même temps Me Gachie, conseil de la famille de la victime, souligne : «Tous les deux avaient bu. Un peu moins d’un gramme d’alcool dans leur sang. Nous ne sommes pas face à des alcoolisations folles qui privent les personnes en cause de toute réflexion.»
Le verdict est attendu mardi. L’avocat général Pierre Bernard soutiendra l’accusation de meurtre. Mes Pujol-Suquet et De Caunes défendent Paul Vagapoff. Me Gachie la famille de Gilles Cazade qui devrait recevoir le soutien de nombreux amis venus des Landes.

Me Thomas Gachie, avocat de la famille de Gilles Cazade

«Cela n'aurait jamais du dégénérer»

L’instruction a-t-elle permis de comprendre la mort de Gilles Cazade ?
Elle a malheureusement confirmé l’incroyable enchaînement d’une situation entre personnes qui ne se connaissaient pas et qui se sont, tour à tour, invectivées, chamaillées, réconciliées avant l’agression aux conséquences terribles.
Combien de temps a duré cette rencontre ?
L’instruction n’a pas permis de le déterminer précisément. Les différents protagonistes n’ont pas été capables de dire si cela avait duré 10 minutes, une demi-heure ou plus. L’instruction a quand même permis de poser trois temps distincts dans cette altercation entre étudiants qui n’aurait jamais dû dégénérer.
Qui était Gilles Cazade ?
Un fils d’agriculteur, étudiant brillant de 21 ans, frère aîné d’une famille de trois enfants, qui avait quitté les Landes pour poursuivre ses études en génie mécanique à Toulouse. Il pensait travaillait dans l’aéronautique. Tous ses amis le présentent comme un garçon tourné vers les autres, détestant les conflits et la bagarre. À Buanes, dans son village de 100 habitants, tout le monde le connaissait et l’appréciait. Il était attaché à ses racines, très impliqué dans le milieu associatif et dans le sport.

http://www.ladepeche.fr/article/2014/02/28/1829188-toulouse-une-rixe-mortelle-entre-deux-etudiants-jugee-aux-assises.html

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