mercredi 26 mars 2014

Affaire Le Roux: l'attitude d'Agnelet envers Agnès passée au crible

La cour d'assises d'Ille-et-Vilaine, qui juge Maurice Agnelet pour l'assassinat de sa maîtresse Agnès Le Roux, héritière d'un casino familial niçois, a passé au crible mercredi l'attitude parfois jugée troublante de l'accusé lors de deux tentatives de suicide de la jeune femme, peu avant sa mystérieuse disparition à la Toussaint 1977.
7 octobre: Agnès Le Roux, 29 ans, décrite par des proches comme très amoureuse de son amant - de dix ans son aîné - vient d'être hospitalisée à Nice, après avoir attenté à sa vie pour la seconde fois en trois jours.
«Il lui faut une personne à plein temps mais je ne me sens ni le temps ni la vocation» de m'en charger, confie ce jour-là Maurice Agnelet - alors avocat et père de trois enfants - à Jean-Dominique Fratoni, patron d'un casino concurrent, lors d'une longue conversation téléphonique qu'il a enregistrée, comme il en avait l'habitude, et diffusée mercredi devant la cour.
«Pourquoi ne pas mettre entre parenthèses un certain nombre de vos engagements pour vous occuper d'elle?», interroge le président, soulignant que la jeune femme, sortie prématurément de l'hôpital contre avis médical après sa première tentative du 4 octobre, reste fragile. «Mais pour combien de temps? Allons!» rétorque Agnelet. «C'est pour ça que quand Coco (une amie d'Agnès) offre de la prendre en charge, je dis +ouf+», explique l'accusé, âgé aujourd'hui de 76 ans.
«Vous dites que vous avez essayé de la dissuader de sortir de l'hôpital; alors, pourquoi l'avoir laissée seule la nuit» du 6 au 7, poursuit le président, pointant aussi le peu de promptitude manifestée par Agnelet à se rendre au chevet d'Agnès: «Vous le faites le lendemain à 11H30.»
«L'information importante était de savoir qu'elle était hors de danger», répond froidement l'accusé, qui a alerté les secours à chaque tentative de suicide de la jeune femme.

- 'un document extraordinaire et pathétique' -

Inquiet d'être accusé d'avoir maltraité Agnès, dont les hématomes sur les épaules ont alerté sa famille, Agnelet évoque alors, dans une conversation enregistrée avec «Coco», deux mots d'adieu qu'elle lui aurait laissés. Le premier, du 4 octobre, et le deuxième daté du 6, qu'il affirme avoir retrouvé après le passage de la police dans l'appartement d'Agnès.
Problème: ce mot a été retrouvé, amputé de sa date, punaisé sur la table de dessin d'Agnès Le Roux, lors d'une perquisition en mars 1978 - après sa disparition - «preuve accablante» de la culpabilité d'Agnelet aux yeux des parties civiles, note Me Temime, leur défenseur.
Maurice Agnelet, en pull sombre, fines lunettes et barbe grise, s'énerve, hausse le ton: «Je sais, y'a des thèses, c'est moi qui vais tout manipuler, mais je l'ai pas tuée; ça, on n'en parle pas, c'est moi qui suis obligé de le dire!»
«Si vous aviez projeté la mise en scène d'une troisième tentative de suicide, n'aurait-on pas retrouvé le corps d'Agnès à son domicile?» interroge pour sa part Me Saint-Pierre, son avocat.
Après être sortie de l'hôpital après sa deuxième tentative de suicide - alors que ni barbituriques ni objets tranchants n'ont été découverts par la police à son appartement, souligne l'avocat général - la jeune femme appelle son amant, un document sonore soigneusement enregistré et conservé par Maurice Agnelet.
La voix faible d'Agnès, peinant à respirer, s'élève dans la salle des débats. Un monologue, émaillé de très longs silences plutôt qu'une conversation, où la jeune femme, qui semble désespérée, confie à son amant «je sais pas ce qui est vrai dans ce que tu dis», «je ne dois pas être aussi proche de toi que ça», «c'est pas la peine que je demande quoi que ce soit, il faut que tu sois comme tu as envie d'être». D'habitude volubile, Agnelet reste quasi-muet.
«Je savais pas quoi répondre», explique-t-il, en parlant d'un «document extraordinaire et pathétique», «ça m'a fait plaisir de le réentendre».

http://www.20minutes.fr/article/1334401/20140326-affaire-roux-attitude-agnelet-envers-agnes-passee-crible

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