mardi 24 juin 2014

Michèle Druon reconnaît avoir tué Josette Choisy, sa «deuxième mère»

CHARLEVILLE-MEZIERES (08). Au premier jour de son procès aux assises, l’accusée a reconnu avoir aspergé d’essence et tué son « amie », brûlée vive en juillet 2011 à Maubert-Fontaine.

DERNIERE MINUTE : Trente ans de prison requis à l'encontre de Michèle Druon
 
Dans une salle comble et en présence de médias nationaux, mais sans Me Dupond-Moretti, représenté par un collaborateur, le drame de Maubert-Fontaine s’est étalé hier dans toute son horreur. Ce huis clos mortel entre deux veuves, proches voisines et lointaines cousines, a été longuement disséqué. Il y a trois ans, pour un motif ridicule (« Mme Choisy me demandait d’acheter du whisky pour elle, mais elle avait refusé de me prêter 200 euros »), Michèle Druon a acheté trois litres de sans-plomb 98 et s’est rendue chez sa « deuxième mère ». Elle l’a aspergée d’essence, avant de craquer une allumette, alors que sa victime la suppliait : « Fais pas ça, je suis ta copine ! » Dans son box, l’accusée est ailleurs. Mots rares, regard vide, elle ne semble pas mesurer la gravité des faits. Sous médicaments, cette aide-soignante, déjà condamnée trois fois pour escroquerie et vols (notamment des chèques de patients), évoque d’une voix blanche les derniers instants de la victime. Avec cette conclusion glaciale : « Ce jour-là était pas fait comme les autres. C’est elle qu’a pris, la pauvre malheureuse. »
Les faits sont sordides, mais assez limpides. « J’ai tué Mme Choisy », avoue l’accusée, qui « demande pardon » à la famille. Restent des zones d’ombre, insupportables pour les 19 parties civiles, dont les cinq enfants de la victime. Qualifiée de « manipulatrice » et de « sangsue », connue pour ses « mensonges délibérés » selon la gendarme qui a dirigé l’enquête, la veuve Druon a tellement changé de versions depuis trois ans que les protagonistes du procès en perdent leur latin. « Vous mentez, Madame ! lui crie plusieurs fois Patrick Manil, qui défend le fils de la victime. Vous pouviez la sauver, mais vous n’avez rien fait. Si, vous avez fermé la porte à double tour, pour être sûre qu’elle meure. Vous êtes un assassin ! »

« Je ne voulais pas la tuer, juste lui faire peur »

Principal « trou noir » de l’accusée : la manière dont elle a jeté l’allumette. L’objectif de la défense est clair : faire requalifier le meurtre avec préméditation en violences volontaires ayant entraîné la mort. L’accusée n’aurait versé qu’un « bouchon » de carburant (contenu dans un bidon de lessive) et aurait mis le feu sans le vouloir, déstabilisée par le chien de la victime. « Je ne voulais pas la tuer, juste lui faire peur », avance-t-elle. « Mais ce n’est pas le chien qui a acheté l’essence et craqué l’allumette », a noté, avec une macabre ironie, le magistrat instructeur. Le technicien en identification criminelle, lui, est catégorique. « Une partie du corps était totalement calcinée. Je peux vous assurer que ce n’est pas cinq centilitres d’essence qui ont fait ça. Elle a dû recevoir au moins un litre de sans-plomb 98 pour brûler à ce point. »
Les psychologue et psychiatre ont rendu un peu d’espoir à la défense (David Meunier et Ahmed Harir), en rappelant la vie en morceaux de Michèle Druon. Laquelle, sans déficience mentale ni profil « psychopathique », aurait reproduit des schémas violents issus de viols subis dans son adolescence, puis de coups infligés par ses deux premiers maris. Ces « traumas » suffiront-ils à infléchir le jury, exclusivement composé de femmes ? (Tous les hommes ont été récusés, notamment par la défense, qui espère plus d’empathie d’un jury féminin) Verdict ce mardi soir.
http://www.lunion.presse.fr/region/michele-druon-reconnait-avoir-tue-josette-choisy-sa-ia18b0n367798


Aucun commentaire: