vendredi 23 janvier 2015

Assises de Haute-Saône : unis face à un crime abject

Oui, Germain Hayaux a tiré sur Marielle Paris le 31 janvier 2013 vers 11 h 40, au moment où elle passait à pied devant chez lui à Malans, près de Pesmes. Il l’a encore reconnu hier devant la cour d’assises de Vesoul, qui le juge pour l’assassinat de sa voisine.
Oui, l’octogénaire a pris son fusil de chasse et est allé attendre la victime dehors quand il a vu qu’elle sortait de chez elle. Il s’est posté sur un pilier et, à son passage, a ouvert le feu à deux reprises. À moins de 10 mètres, sa première cartouche a atteint l’assistante maternelle, âgée de 50 ans. Dans un réflexe, elle a tenté de se protéger avec le bras, en vain. Touchée à la tête, elle s’est effrontée et a perdu connaissance. Souffrant de lésions irréversibles au cerveau, elle est restée plongée trois semaines dans un coma profond, avec « un espoir infime de survie », selon le Dr Nicolas Hubert, le légiste qui a procédé à son autopsie. Entourée de ses proches, Marielle Paris s’est éteinte le 21 février 2013.

« Je voulais pas en tuer deux : un, ça suffisait »

Interrogé sur ces faits, Germain Hayaux a prétendu hier avoir visé « juste au-dessus » de la quinquagénaire, pour « qu’elle entende un peu les plombs siffler ». « Je voulais plutôt lui faire peur que la tuer », avance-t-il. Quelques minutes avant, il expliquait avoir choisi du gros plomb « parce que c’était plus facile à extraire que du petit, que ça allait moins bien rentrer ». Aux enquêteurs, le jour du drame, il indiquait avoir visé la tête de la victime pour ne pas toucher la fillette en sa compagnie. Aux enquêteurs, il avait confié que « ça aurait aussi pu tomber sur le voisin d’en face ». Il l’a confirmé hier : « On ne s’entendait pas du tout. Un jour où j’aurais été énervé, ça aurait pu tomber sur lui. Mais je voulais pas en tuer deux : un, ça suffisait. »
Mais pourquoi s’en prendre à Marielle Paris ? « Parce que j’étais fatigué de me faire insulter depuis des années », a-t-il répondu hier. « Cinq ou six fois par jour, elle me traitait de vieux con, me disait que je n’étais plus bon à rien, que j’étais foutu. » Germain Hayaux soutient que des années plus tôt, il aurait eu une brève aventure avec Marielle Paris. Impensable selon l’entourage de la victime, sa famille comme ses amis.
Pour tous, les trente-cinq ans de différence entre Marielle Paris et l’accusé écartent l’hypothèse d’une quelconque liaison entre eux. La personnalité de la victime aussi : elle était très attachée à sa famille, ses trois enfants et son mari. Leur relation fusionnelle évoquée par plusieurs témoins, Éric Paris l’a racontée hier matin. « Même après vingt-huit ans de vie commune, elle aimait qu’on se promène main dans la main dans la campagne », confie-t-il.

« Ma vie sans ma mère, ce n’est pas ma vie »

Les prétendues insultes ne collent pas non plus avec le caractère de la victime : « Les gros mots, ce n’était pas son registre », témoigne son mari. Des habitants de Malans confirment : Marielle Paris était plutôt du genre à apaiser les tensions, comme une médiatrice au sein du village. « Elle nous manque », résume un témoin.
Passionnée de lecture, Marielle Paris s’occupait de la bibliothèque de Malans. Son autre hobby, c’était le jardin, surtout les tomates. Elle en cultivait 23 variétés différentes. « Elle préparait des paniers pour les amener aux gens qui n’avaient pas de jardin », se souvient sa fille Mélissa, 25 ans. « Elle aimait voir les autres heureux. »
Ce portrait d’une « maman exceptionnelle » se dessine par petites touches sensibles. « Elle nous aimait de façon incommensurable, sans le dire mais en le montrant », sourit la jeune femme en souvenir des belles années. « À chaque fois que je venais à la maison, elle me faisait mon plat préféré et on repartait avec plein de boîtes pour la semaine. »
Quand Mélissa revient sur le geste de Germain Hayaux, elle peine à retenir ses sanglots. « Ma vie s’est arrêtée à ce moment-là. Je n’ai rien fait depuis, je stagne. Ma vie sans ma mère, ce n’est pas ma vie. Elle était assistante maternelle et j’avais toujours pensé qu’elle garderait mes enfants. À cause d’une personne terrible, ça ne sera jamais possible. »
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/01/23/unis-face-a-un-crime-abject

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