mardi 20 janvier 2015

Jugé pour la fusillade de Donzac : «Sa mère l'attachait au lit et le menaçait avec une hache»

Extrait de sa cellule de la maison d'arrêt de Beausoleil où il a déjà purgé deux et demi de détention, Yves Bataille, l'auteur de la fusillade de Donzac, en juin 2012, où Jimmy et Christian Vazeille ont été grièvement blessés, apparaît bien fébrile en entrant dans le box des accusés. Du haut de ses 1m90 et de ses 110 kg, l'accusé vêtu d'une chemise rayée, a pourtant une allure massive, qui en impose.

L'habit ne fait pas le moine

Et pourtant. Le regard déjà larmoyant, Yves Bataille, 55 ans, va démontrer tout au long de cette première audience de son procès d'assises qui s'étend jusqu'à mercredi, qu'il est une personne plus fragile que son physique ne le laisse paraître. Interrogé par la présidente Corinne Chassagne qui venait de faire la lecture de l'ordonnance de mise en accusation rappelant les faits de la nuit du 2 au 3 juin 2012, Yves Bataille accepte bien volontiers de livrer à la cour son parcours de vie.
Né à Caen dans une famille modeste, le prévenu témoigne avoir toujours été victime durant son enfance de violences, de brimades de ses parents dans un contexte de misère intellectuelle et d'alcoolisme permanent. «Lorsque mon beau-père est décédé, je me suis pris en charge à l'âge de 17 ans et je n'ai plus jamais revu ma mère» lâche le grand gaillard avant d'éclater en sanglot.
Très prolixe sur son parcours d'aventurier, Yves Bataille ayant vécu près de 18 ans en Amérique du Sud et notamment comme orpailleur en Guyane, se perd alors en détail confirmant avoir eu quatre enfants avec trois femmes différentes sans jamais avoir véritablement pu vivre en couple.
Un itinéraire sur lequel revenait longuement l'enquêtrice de personnalité Isabelle Latrille parlant à plusieurs reprises d'un parcours de vie chaotique. «Sa mère l'attachait au bout du lit et le menaçait avec une hache, confirmait-elle en reportant les propos de la sœur du prévenu. À 11 ans, il a découvert que son père n'était pas son géniteur.» Yves Bataille apprenant du même coup qu'il serait le fruit du viol de sa mère. «Après un CAP pour devenir métallo qu'il n'a pas achevé, il est devenu apprenti charcutier sans finir sa formation suite à un incident avec un employé.» Traînant son «cargo de souffrances», Yves Bataille sombrait plus tard dans la dépendance au krach et à l'alcool lors de ses pérégrinations guyanaises. Une vie d'errance qui rendait l'accusé soudain très humain et presque attachant, un point sur lequel son avocate Sandrine Roca ne manquait pas d'insister. «Pourquoi n'évoquez-vous pas les violences que vous a fait subir votre mère ?» En pleur, les joues rougies, Yves Bataille tel un enfant, bredouillait en un soupir : «C'est vrai, elle a bien fait ce que ma sœur a dit, mais je ne veux pas en parler…» Interrogé sur les faits qui l'on conduit devant cette cour d'assises, Yves Bataille contestait la préméditation et l'intentionnalité de donner la mort… Deux éléments qui allaient être au cœur des débats avec la déposition de l'un des enquêteurs et celle de l'expert en balistique. Des éléments qui allaient donner un visage plus inquiétant de l'accusé
http://www.ladepeche.fr/article/2015/01/20/2032522-mere-attachait-lit-menacait-hache.html

Aucun commentaire: