mardi 20 janvier 2015

Un an avec sursis requis contre une permanencière du Samu pour le décès d'une femme

Un an de prison avec sursis a été requis lundi au tribunal correctionnel d'Angers contre une permanencière du Samu, chargée de gérer les appels adressés au 15, et accusée d'homicide involontaire.
Un an de prison avec sursis a été requis lundi au tribunal correctionnel d'Angers contre une permanencière du Samu, chargée de gérer les appels adressés au 15, et accusée d'homicide involontaire pour la mort en 2009 d'une femme, prise en charge tardivement. Cinquante mille euros d'amende ont été demandés à l'encontre du CHU d'Angers, qui comparaissait pour le même chef. Le jugement a été mis en délibéré au 16 mars. 

Le 9 avril 2009, Arnaud Blot avait multiplié les appels au 15 et décrit auprès de Florence Madet, permanencière auxiliaire de régulation médicale (Parm) du Samu, le malaise dont était victime sa compagne de 27 ans, qui avait mis au monde son troisième enfant un mois et demi auparavant. Malgré les descriptions angoissées d'Arnaud Blot ("Elle s'effondre", "ne peut pas parler", "elle n'arrive plus à respirer") lors de plusieurs appels à partir de 08h21, et celles de la soeur de la victime, qui explique que la jeune femme tremble, divague, perd ses urines, dès 08h35, le médecin régulateur du Samu n'avait été prévenu qu'à 08h55, soit 34 minutes après le premier appel d'Arnaud Blot.
Le médecin avait immédiatement dépêché un véhicule du Samu. Quelques minutes avant, les pompiers, alertés par la famille, étaient arrivés sur place. La victime avait été transportée au CHU d'Angers mais n'avait pu être ranimée. Il était reproché à Florence Madet d'avoir mal analysé la situation alors qu'elle disposait des éléments pour le faire, la mission des Parm étant notamment de prioriser les appels en fonction de la gravité du cas exposé et de l'urgence perçue, et de transmettre le cas échéant au médecin régulateur. Selon l'avis de spécialistes interrogés lors de l'instruction, certains appels "contenaient des mots clés qui auraient dû l'alerter" sur la gravité de la situation. Mais selon l'expertise médicale, qui a retenu l'embolie pulmonaire comme hypothèse la plus probable du décès, faute d'autopsie, il est impossible d'affirmer qu'une intervention plus rapide des secours aurait permis de sauver Stéphanie Rousset.
Florence Madet pensait avoir affaire "à une crise d'angoisse"
A la barre, Florence Madet, décrite comme une professionnelle consciencieuse, a expliqué d'une voix faible qu'elle pensait avoir affaire "à une crise d'angoisse" et qu'elle "était restée sur cette idée première", ne transmettant pas l'appel en priorité aux médecins du Samu. Mais elle a reconnu aussi son manque de formation médicale et même de formation tout court. Après la diffusion de l'enregistrement des sept communications qui ont eu lieu entre la famille de la victime et la permanence du Samu, où elle ne semble pas prendre conscience de l'urgence de la situation, un des avocats de la famille, Me Pascal Rouiller, l'interroge: "Vous n'avez pas mal évalué une situation?". "Non", répond-elle.
Pour Bérangère Gautheron, substitut du procureur, "la décision qu'a prise Mme Madet de ne pas transférer un appel était une erreur. Je rejoins la partie civile quand elle dit qu'il y a un cumul de responsabilités. Il y a une faute professionnelle, mais il y a aussi la responsabilité pénale du CHU, a-t-elle ajouté. Il était reproché au Centre hospitalier universitaire d'Angers d'avoir organisé le service de permanence du 15 avec un seul médecin régulateur malgré l'importance de l'activité, d'avoir laissé aux Parm une autonomie de traitement des appels excédant leur compétence et de ne pas leur avoir proposé une formation adaptée. 
"L'écoute, c'est la qualité première du permanencier, pas le diagnostic médical, a souligné Me Thierry Fillion pour les parties civiles. "Ce matin-là, cette écoute n'existe pas. C'est tragiquement simple. Une erreur humaine grave a été commise et peut constituer une infraction pénale". Pour Florence Madet, Me Christophe Aubert a plaidé sur le glissement des taches au sein du 115 à Angers, "des médecins régulateurs (qui) manquent d'écoute et se déchargent sur les Parm" qui "hésitent à réguler car elles ont peur de se faire insulter". "J'ai une pensée sincère pour les enfants et la famille", a dit l'accusée à l'issue du procès.

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