mardi 24 mars 2015

Deuxième procès Bettencourt : Florence Woerth vit ça "comme une insulte"

Acte 2, jour 2. Après le focus lundi sur la Légion d'honneur remise à Patrice de Maistre, place ce mardi à l'examen des conditions d'embauche de Florence Woerth, épouse de l'ancien ministre du Budget. C'est son recrutement en 2007 dans une société des Bettencourt dont Patrice de Maistre était le directeur général et l'attribution quelques semaines plus tôt de la Légion d'honneur à ce même Patrice de Maistre qui ont conduit au retour des deux hommes au tribunal de Bordeaux, où ils sont jugés cette fois-ci pour "trafic d'influence". Y a-t-il eu négociation entre Patrice de Maistre et Eric Woerth ? Un emploi en échange d'une Légion d'honneur ?
Lundi, Eric Woerth avait assuré que cette "histoire" de Légion d'honneur était une "histoire banale" d'un homme qui avait "le profil" pour recevoir cette distinction. Ce mardi, la défense s'emploie à démontrer que l'embauche de Florence Woerth n'était pas un recrutement de complaisance. Et que non, contrairement à ce qu'il disait lui-même à Liliane Bettencourt en juin 2010 (propos révélés par les enregistrements clandestins), Patrice de Maistre n'a pas recruté "la femme de" à la demande du ministre pour lui "faire plaisir". Eric Woerth lui a certes parlé de la carrière de son épouse, mais non, affirme l'ancien gestionnaire de fortune, l'ex-ministre ne lui a rien suggéré...
  • "Très insultant" pour Florence Woerth

Elle parle vite, et avec aisance. Après un petit loupé en prêtant serment, Florence Woerth a égrené son parcours, sa carrière (maîtrise, HEC, passage chez Rotschild, Caisse d'Epargne etc.) avant d'arriver sur le recrutement qui l'amène ce mardi à témoigner au tribunal de Bordeaux. "Ça n'a jamais été la motivation financière" qui l'a guidée vers une société des Bettencourt "mais plutôt l'intérêt du poste".
Quand il est question de son licenciement, dernière au courant
Celle "qui se trouve un peu femme de ministre" selon les mots de Patrice de Maistre captés dans des enregistrements clandestins, a décrit un quotidien professionnel difficile quand on est l'épouse d'une personnalité politique. Quand elle a connu celui qui allait être son mari en 1977, explique-t-elle, "je ne savais pas ce qu'il allait devenir", sinon peut-être aurait-elle choisi de garder son nom de jeune fille.
Car aujourd'hui, "voir que je puisse être l'objet d'un troc", "je prends ça comme une insulte". "Ma liberté, il (Eric Woerth, ndlr) la connaît. Je ne me suis jamais mêlé de sa vie politique et lui n'était jamais présent dans ma vie professionnelle. (...) S'il en avait été autrement, je ne pense pas que notre couple aurait tenu". Pour Florence Woerth, l'objet de ce procès est "très insultant".
Puis s'installe le malaise dans la salle d'audience, quand le président du tribunal rappelle devant les trois intéressés qu'en 2010, dans des enregistrements clandestins, Patrice de Maistre qualifiait Florence Woerth de "petite carriériste". Parce qu'elle allait entrer au conseil de surveillance chez Hermès en le mettant "devant le fait accompli" ? Et/ou parce qu'il ne supportait pas qu'elle soit décrite dans les médias comme "gestionnaire de fortune" de Liliane Bettencourt alors que c'était son poste à lui ? Quoiqu'il en soit, au moment de parler de son licenciement (ces deux raisons ont été exposées), Patrice de Maistre ira d'abord informer son ministre de mari avant même d'en parler avec elle...
Finalement, avec les révélations des enregistrements, Florence Woerth, qui regrettait par ailleurs un manque d'autonomie dans son poste, démissionnera le 28 juin 2010.
  • Les conditions d'embauche

Embauche en dehors du circuit établi avec un cabinet de recrutement, salaire un peu plus important que prévu, CV pas vraiment adapté au profil recherché (quelqu'un de jeune, 3 à 5 ans d'expérience) : point par point, la défense de Patrice de Maistre et Eric Woerth est revenue sur ces éléments jugés à charge par les juges d'instruction dans ce dossier. 
Florence Woerth venait d'avoir une promotion chez son précédent employeur, elle avait d'autres propositions extérieures, une autre candidate expérimentée avait été reçue , un jeune postulant était sur le point d'être embauché mais les questions de salaire avaient bloqué : autant d'arguments qui, pour les avocats de Patrice de Maistre et Eric Woerth, sont des preuves d'un recrutement presque classique.
Les deux hommes encourent jusqu'à 10 ans de prison et 150 000 euros d'amende, éventuellement assortis d'interdiction des droits civiques ou d'exercer une fonction publique.

http://www.sudouest.fr/2015/03/24/deuxieme-proces-bettencourt-florence-woerth-vit-ca-comme-une-insulte-1869263-2780.php

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