mardi 24 mars 2015

Meuse : le procès du «chirurgien-arroseur» s'ouvre à Bar-le-Duc

La justice se penche parfois sur des «bavures médicales», mais c'est sans doute la première fois qu'elle examine une affaire d'«éclaboussures médicales». Ce mardi matin à Bar-le-Duc (Meuse), un chirurgien doit comparaître devant le tribunal correctionnel car il est soupçonné d'avoir aspergé, à deux reprises à l'aide d'une seringue, le visage d'une infirmière avec laquelle il s'était pris le bec pendant une opération en mars 2013 à Bar-le-Duc

Or, selon l'infirmière, la seringue était remplie d'un mélange du sang du patient et d'eau stérile ! Elle a porté plainte et après enquête, le parquet a décidé de renvoyer le chirurgien en correctionnelle pour «violences» avec la circonstance aggravante qu'elles ont été commises sur une professionnelle de santé dans l'exercice de ses fonctions. Le praticien, qui reste présumé innocent, nie les faits, affirmant n'avoir jeté que de l'eau propre lors de cette dispute qui a éclaté à la polyclinique du Parc, le 27 mars 2013 à Bar-le-Duc.

Le praticien a saisi une seringue et aspergé l'infirmière

Cette scène peu banale s'est déroulée dans le huis clos d'un bloc opératoire pendant une intervention. Agacé par le non-respect de son
emploi du temps professionnel, le chirurgien a fini par avoir un accrochage verbal avec une infirmière. «Je t'emm...», aurait-il lâché, selon une source proche du dossier. Ce à quoi l'infirmière aurait répondu : «C'est réciproque !» L'ambiance s'est alors dégradée.
Le praticien a saisi une seringue et aspergé l'infirmière. La plaignante, qui affirme avoir été atteinte aux yeux par le liquide souillé, a refusé de quitter le bloc et a terminé de compter les compresses. Elle assure avoir reçu une seconde projection.

Selon la même source, son récit est confirmé par trois autres personnels présents dans la salle d'opération. Le docteur, lui, admettra simplement que le ton est monté et qu'il a projeté de l'eau. L'enquête révèlera qu'il avait été visé en 2004 par la plainte d'un infirmier giflé dans un bloc opératoire, procédure classée.

Ce qui aurait pu être un simple incident n'est pas resté sans suite. L'infirmière n'a jamais remis les pieds à Bar-le-Duc. Traumatisme, arrêt maladie, inaptitude. Pour elle, l'affaire a eu de sérieuses conséquences. C'est notamment la raison pour laquelle l'Ordre national des infirmiers, représenté à l'audience ce matin par Me Jean-Christophe Boyer, s'est constitué partie civile dans ce dossier.

Le chirurgien, lui, a conservé la confiance de son employeur et de ses collègues, et a poursuivi ses activités. Sollicité hier soir, l'avocat du praticien ne mâche pas ses mots. «Je n'ai pas souvent vu une affaire aussi ridicule et dérisoire», réagit Me Gérard Chemla qui déplore «l'instrumentalisation de la justice» par cette infirmière. A croire l'avocat, l'ex-employée de la Polyclinique était loin, question travail, de donner satisfaction, et se trouvait même à l'époque des faits «sur un siège éjectable». L'origine de l'incident du 27 mars dans le bloc n'aurait été que la «goutte d'eau» faisant déborber le vase.

Poursuivi par le parquet, le chirurgien se retrouve malgré tout dans le rôle de l'arroseur-arrosé.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/meuse-le-proces-du-chirurgien-arroseur-s-ouvre-a-bar-le-duc-24-03-2015-4632167.php

Aucun commentaire: