jeudi 9 avril 2015

Homme battu : cinq ans de prison requis contre l'ex-compagne du Charentais Maxime Gaget

Pour des actes "au-delà de la violence", la procureure du tribunal correctionnel de Paris a requis cinq ans de prison à l'encontre de Zakia Medkour
C
e jeudi midi, devant le 24e chambre du tribunal correctionnel de Paris, la procureur a réclamé 5 ans de prison ferme contre l'ex-compagne du Charentais Maxime Gaget, homme battu qui a raconté son calvaire dans le saisissant livre "Ma compagne, mon bourreau", brisant la loi du silence sur les violences faites aux hommes.
 
Âgée de 43 ans, Zakia Medkour s'est engouffrée dans la salle d'audience en début de matinée, dissimulant son visage aux nombreuses caméras présentes. Devant les juges, elle a reconnu l'essentiel des violences assénées durant un an et demi, entre 2007 et 2008, à son domicile parisien "sous l'emprise de l'alcool, jamais à jeun".

"Un schéma d'emprise extrêmement puissant"

Maxime Gaget, 37 ans, dont le visage en porte encore les séquelles, fut notamment frappé à coups de poing, de pied, de balai ou brûlé au moyen de mégots voire d'un couteau préalablement chauffé sur une plaque électrique : "Je ne me souviens pas du tout, ça fait six ans. Il y a beaucoup de choses qui ne font plus partie de ma vie, que j'ai occultées", s'est défendue Zakia Medkour.
Condamnée à cinq puis un an d'emprisonnement avec sursis pour violences sur les jumeaux
Appelé à s'expliquer sur une telle attitude de soumission, lui qui ne doit son salut qu'à une opération d'exfiltration organisée par sa famille, Maxime Gaget s'est employé à décrire "une situation complexe, un schéma d'emprise extrêmement puissant". Et de rajouter, en substance, avoir servi de bouclier : "Certains coups auraient pu être reportés sur les enfants", les jumeaux de Zakia Medkour alors âgés de 11 ans. En 2009 et 2011, la prévenue a été condamnée à cinq puis un an d'emprisonnement avec sursis pour violences sur ceux-ci.

L'ultra-violence de Zakia Medkour

"Le fait d'avoir un homme victime, ça ne correspond à l'image qu'on peut avoir d'un rapport de forces", a convenu la procureur, dénonçant les regards "interrogateur" voire "réprobateur" sur un "sujet tabou" : "Les violences conjugales, c'est avant tout un processus d'emprise psychologique, que l'on soit homme ou femme". Et de dénoncer "l'ultraviolence" dont a fait preuve Zakia Medkour, "avec des actes qui se rapprochent d'actes de torture ou de barbarie" avant de requérir 5 ans de prison ferme, avec placement en détention.
"Pardon à Monsieur Gaget, à sa famille. Je ne suis pas sans cœur"
Avocats de la défense, Mes Houria Si Ali et Samuel Aitkaki ont décrit une prévenue "accablée depuis son plus jeune âge", entre le suicide de son père, l'alcoolisation et une dépression au long cours. "Maxime Gaget aussi est arrivé avec sa valise de problèmes psychologiques", a dit Me Si Ali. A en outre été invoquée la "bipolarité" de la prévenue dont aucune pièce n'a pourtant été versée à la procédure.
Appelée à prendre la parole une dernière fois, Zakia Medkour a demandé "pardon à Monsieur Gaget, à sa famille, à tout le monde", fondant en larmes : "Je ne suis pas sans cœur".
Dans la salle des pas perdus après trois heures de procès, Maxime Gaget, crispé à l'audience, disait son soulagement : "C'est un gros poids en moins. J'avoue que j'étais nerveux, la tension a été très forte." Le délibéré sera rendu le 28 mai.
http://www.sudouest.fr/2015/04/09/homme-battu-cinq-ans-de-prison-requis-contre-l-ex-compagne-du-charentais-maxime-gaget-1886531-813.php

Aucun commentaire: