mercredi 24 juin 2015

Lille : une mère de famille accusée d'avoir tué huit de ses nouveau-nés

Octuple infanticide. Le procès de Dominique Cottrez, mère accusée d'assassinat sur huit de ses enfants, s'ouvrira demain à Lille. Lorsqu'elle avait éclaté en 2010, cette affaire hors norme avait ému l'Hexagone et avait résonné même au de-là des frontières.
En juillet 2010, lorsqu'il bêche dans son jardin de Villers-au-Tertre (Nord), le nouveau propriétaire de la maison des parents de Dominique Cottrez déterre un sac plastique. Il ne s'attendait sûrement pas à découvrir un tel contenu : deux cadavres de nourrissons en état de putréfaction. Six autres ont été retrouvés plus tard dans la nouvelle maison qu'elle habitait avec son mari, dissimulés tour à tour dans le panier à linge, les placards de la chambre et le garage de la maison. Rapidement soupçonnée, la suspecte n'a pas cherché à nier les faits. Au total, Dominique Cottrez a tué huit bébés, faisant de ce drame la plus importante affaire d'infanticide jamais connue en France.

Toujours le même rituel

À partir de 1989, dès qu'elle était enceinte, cette aide-soignante de 46 ans répétait le même rituel. Prenant des congés ou profitant des déplacements professionnels de son mari, Dominique Cottrez se rendait dans la salle de bain où étaient préparées des serviettes, pour y accoucher et étrangler à mains nues chaque nouveau-né, qu'elle plaçait ensuite dans un sac-poubelle. Son avocate, Me Marie-Hélène Carlier a d'ailleurs indiqué que l'aide soignante avait gardé les corps près de son lit pendant de nombreuses années.
Par ailleurs mère de deux filles, Dominique Cottrez est décrite par l'avocat de l'association L'Enfant bleu-Enfance maltraitée comme une bonne femme de foyer. «Du moment qu'elle préparait bien la gamelle du mari, ça suffisait. C'est terrible à dire mais c'était une bonne mère», a ainsi déclaré Me Yves Crespin.

Un passé incestueux

Pour justifier ses actes, Dominique Cottrez a invoqué l'humiliation connue lors de sa première grossesse, ou encore la crainte que les bébés soient de son propre père, avec qui elle aurait entretenu une relation incestueuse depuis l'enfance jusqu'à sa mort en 2007.
Mais alors, son époux, Pierre-Marie Cottrez, ainsi que ses deux filles, pouvaient-ils ignorer ces multiples grossesses ? En réalité oui. L'obésité de Dominique Cottrez aurait rendu toute grossesse indécelable, même pour les médecins. Désormais, la présumée coupable compte plaider la «dénégation de grossesse», ce qui n'est pas du goût de l'accusation. «Qu'on ne parle pas de déni d'enfant : Madame Cottrez a utilisé l'assassinat comme moyen de contraception» assure une avocate de la partie civile.

La prescription des faits évitée

Cette affaire propulsée dans une dimension inédite en France aurait pourtant pu ne jamais être jugée. Les avocats de l'aide-soignante avaient demandé la prescription des faits, invoquant le fait que les nouveau-nés soient venus au monde plus de dix ans avant le procès. Néanmoins en 2014, la cour d'appel de Paris décidé de reporter la date de la prescription à dix ans, à compter du jour de la découverte des corps.
Le procès Dominique Cottrez durera jusqu'au 2 juillet. Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
http://www.ladepeche.fr/article/2015/06/24/2131123-lille-mere-famille-accusee-avoir-tue-huit-nouveau-nes.html

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