jeudi 24 septembre 2015

Il aimait son bébé mais ses coups l'ont tué

Première journée du procès en assises d'un jeune père dont les coups à répétition ont tué son bébé de 4 mois. Le procès se poursuit aujourd'hui et demain à Albi.
Son avocat, Me Jean-Baptiste Alary, ronge son frein. Son client, Kévin Tailame, 23 ans, un Castrais d'origine réunionnaise, a besoin d'un recadrage. Il a eu le mérite, hier, pour la première journée de son procès, d'irriter sérieusement la présidente de la cour d'assises mais aussi l'avocat général, Charlotte Beluet. Il est accusé de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur son enfant, Savannah, un bébé de 4 mois, dans la nuit du 28 au 29 septembre 2012 à Castres. Après quelques explications touffues livrées aux enquêteurs, il a finalement reconnu une série de coups, de baffes comme il dit mais aussi de coups de poing qui ont tué le bébé. Un pantin désarticulé livré à une fureur qu'il n'explique pas.
Ce n'est qu'en milieu d'après-midi qu'il consent à distiller la vérité sur la mort de son enfant. Un enfant désiré mais qui va vite lui prendre la tête. À tel point que le bébé va connaître ses premières «baffes» trois semaines après sa naissance. «Des petites baffes, pas vraiment des coups. Sa mère ne s'en occupait jamais, je faisais vraiment n'importe quoi, elle pleurait, j'étais perdu à la fin, j'ai tout pris sur moi, le rôle du père et celui de la mère», confie-t-il. Et plus l'enfant pleurait, plus il la frappait. Sûrement en raison de la douleur provoquée par ses côtes cassées en plusieurs endroits et à plusieurs reprises.

Beaucoup de silences

Carine, 28 ans, l'ex-compagne et mère de Savannah, placée sous curatelle, a un sérieux problème de retard mental. Son audition à la barre ne fera que le confirmer. Elle n'a rien vu et rien entendu, elle est sourde d'une oreille. Elle a bien remarqué quelques ecchymoses sur le visage. Mais, bof. Son premier enfant a été placé dès l'âge de 10 jours. «C'est Kévin qui s'en occupait, moi, j'étais trop fatiguée. Savannah ? Oui, j'y pense, j'ai des tatouages d'elle sur le corps, je vais sur sa tombe», lance-t-elle avant de quitter la salle d'assises. Ce procès n'est pas le sien, elle a d'ailleurs fait l'objet d'un non-lieu lors de l'instruction.
Fatalisme, résignation ? L'enquêtrice de personnalité note beaucoup de silences dans la famille de l'accusé et dans son maigre entourage. Kévin vit sa vie en silence.» Même quand ça ne va pas, tout va bien», ajoute son avocat pour dépeindre un jeune sans problème. Si ce n'est celui du cannabis.
Mais rien ne va plus lors de son procès. Il clame son amour pour l'enfant disparu et parle de son côté sombre. Imprévisible, inexplicable, mortel.
«Vous lui faisiez des câlins parfois ?», lui demande Corinne Chassagne, la présidente.
«Oui, bien sûr, lance-t-il avant de craquer, un tout petit peu. Oui, je l'ai secouée, oui je l'ai frappée, oui je l'ai prise dans mes mains et j'ai serré. Ce soir la, j'étais violent, je ne me reconnaissais pas, j'avais du mal à réfléchir. J'avais de la haine contre moi» Le petit pantin désarticulé qu'il replace dans le lit d'enfant n'a plus que quelques heures à vivre, ses lésions neurologiques sont irréversibles.
«Oui, je l'aimais mais c'était compliqué». Alors, la petite Savannah serait morte d'amour ?

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