mardi 29 septembre 2015

Le braqueur amoureux joue gros aux assises de Nancy

La vie de Massimo Casellato se résume à son casier judiciaire. C’est en tout cas le seul document fiable et objectif dont la cour d’assises de Nancy dispose pour savoir qui est cet Italien de 46 ans qui se retrouve dans le box des accusés depuis ce lundi.
Il n’y a pas eu d’enquête de personnalité sur son compte et le quadra a refusé d’être examiné par les experts psy. Reste donc sa parole. Et son casier. Celui-ci est sans ambiguïté. On y trouve une demi-douzaine de condamnations.
Le quadra italien est un braqueur qui a passé près de la moitié de sa vie en prison d’un côté ou de l’autre des Alpes. Lui, explique avoir plongé dans la délinquance tout jeune. A cause de la drogue. Le cannabis à 12-13 ans. L’héroïne et la cocaïne à 15-16 ans. De la drogue douce à la drogue dure. De la délinquance douce à la délinquance dure. Réducteur ? Assurément, si l’on en croit l’accusé.
Sec comme un coup de trique, visage en lame de couteau, crâne rasé, esprit vif et accent italien nonchalant, Massimo Casellato se présente avant tout comme un homme amoureux.
L’élue de son cœur est Catherine K, une habitante d’Essey-les-Nancy d’une cinquantaine d’années. Il a fait sa connaissance au début des années 2000. Il était à ce moment-là en train de purger une lourde peine dans le sud de la France.

Love story

« Une amie qui le connaissait m’a montré une de ses lettres. Elle était touchante alors je lui ai répondu », explique Catherine K. Le couple a entretenu une correspondance régulière durant des années. Jusqu’à ce que le braqueur finisse par sortir de prison, fin 2011. Ils se sont alors vus en liberté. D’abord en Italie. Puis Massimo Casellato est venu en France. Malgré une interdiction de séjour.
Il a fait un premier passage en Lorraine. Puis un second. Puis un troisième, en décembre 2012. Cette fois, il s’est installé à Essey-les-Nancy avec Catherine K. « Nous avions des sentiments forts l’un pour l’autre… On avait même envisagé de se marier pour qu’il puisse rester en France », témoigne la quinquagénaire.
L’accusé confirme. L’habitante d’Essey est l’unique personne qui compte pour lui. Son seul ami jusqu’à présent, un copain d’enfance devenu complice de braquage, est décédé en prison. Quant à ses parents et ses sept frères et sœurs, ils auraient coupé les liens avec lui. « Ma seule famille, c’était Catherine. Je l’aimais ».
La love story pourrait émouvoir. Sauf qu’elle rend incompréhensible sa rechute dans le hold-up. Le 30 janvier 2013, il a en effet dévalisé, l’arme au poing, l’agence du CIC située place des Vosges à Nancy.

Coup de poker

« Pourquoi vous avez tout foutu en l’air en braquant à visage découvert une banque ? » s’étonne l’avocat d’une des employées braquées, Me Frédéric Berna. Le voleur met son comportement sur le compte d’une prétendue addiction au jeu. Il aurait en particulier participé à des parties de poker clandestines à Essey. Il aurait perdu gros. Plus de 20.000 €. « C’était l’amour de votre compagne ou le poker qui primait dans votre vie ? », ironise Me Berna. « Vous connaissez le poker ! L’argent part super vite », se défend l’accusé. Et il persiste. S’il a braqué, c’est bien pour rembourser sa dette de jeu à des créanciers « déterminés ».
« C’est peu vraisemblable », conteste le policier du SRPJ qui a dirigé l’enquête. Il n’a trouvé aucune trace de contact avec d’éventuels partenaires de poker sur le téléphone portable de Massimo Casellato. De plus, ce dernier est inconnu de la Française des jeux, des casinos et de l’autorité des jeux en ligne.
Sa compagne n’a pas, elle non plus, détecté le joueur qui était soi-disant en lui lors de leur brève vie commune. Une compagne ou plutôt une ex-compagne qui a quitté la barre des témoins, le visage fermé. Sans un regard pour l’accusé : « Je ne lui parle plus ». Suite du procès et verdict ce mardi.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/09/29/le-braqueur-amoureux-joue-gros-aux-assises-de-Nancy

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