mercredi 16 septembre 2015

Premier jour de procès et première plongée dans le cerveau du tueur de la Cascade à Laxou

Schizophrène et paranoïaque. C’est le diagnostic des psychiatres sur Bosko Sovilj, un Nancéien de 48 ans jugé pour meurtre depuis ce mardi par la cour d’assises de Nancy.
L’intéressé veut bien se reconnaître parano. En revanche, il n’est pas emballé par l’étiquette de schizo. « Je ne suis toujours pas certain d’en être un… mais d’après les spécialistes, c’est justement parce que je suis schizophrène que je pense comme ça », analyse l’accusé. Avec un recul et une acuité étonnante.
On s’attendait à trouver dans le box un excité à la violence à fleur de peau. Et c’est un homme calme qui fait face aux jurés. Ses réponses sont adaptées. Pertinentes. Pas de propos délirants, ni de réflexions déplacées.
Sa voix est neutre. Sans doute un peu trop. Elle contraste avec les regards inquiets que le quadra jette régulièrement en direction du public. Il est aux aguets. Crâne rasé, visage renfrogné, épais sourcils noirs et tenue sombre, il danse lentement mais sûrement d’un pied sur l’autre lorsque la présidente Thouzeau le questionne sur son parcours.
« Il s’est cadenassé la tête »
Derrière le vernis de la normalité, la maladie mentale couve. Le traitement qu’il prend depuis qu’il est en prison, permet de la maintenir sous contrôle. Sans médicament le quadra n’est plus le même.
Les premiers symptômes sont apparus à l’adolescence. Après la mort de son père, ouvrier yougoslave arrivé en France à la fin des années 50. Il est décédé alors que Bosko Sovilj n’avait que « 13 ans et 5 mois ». Un choc dont il ne s’est jamais remis.
« Après ça, il s’est cadenassé la tête », résume d’une formule choc son frère cadet. La suite est une longue descente dans l’enfer de la maladie mentale. Cela se traduit par des crises de violence. Exacerbées par la prise de drogues diverses et variées.
La première personne a en faire les frais est sa mère. « Avec mon fils, j’ai perdu toutes les batailles et maintenant je vais perdre la guerre », a-t-elle écrit dans une lettre poignante où elle supplie la justice de ne pas l’obliger à venir témoigner au procès.
Son fils aîné lui en a fait voir de toutes les couleurs. Le pire a été atteint fin 2001 lorsqu’il l’a séquestrée chez elle, l’obligeant à rester durant des heures debout contre un mur. Bosko a été ensuite hospitalisé d’office au centre psychothérapique de Laxou. Il y est resté longtemps. Très longtemps. 3 ans.
« Le cannabis renforce les effets de votre maladie »
Il en est ressorti avec un traitement lui permettant de vivre à peu près normalement. Jusqu’en février 2011. Il arrête alors tout suivi psy et ne prend plus aucun médicament. Pourquoi ? A cause, selon lui, des effets secondaires du neuroleptique qui lui était prescrit : « J’avais des idées noires, un dégoût de tout et une envie de rien… J’en ai eu marre d’être diminué ».
Il remplace les médicaments par le cannabis. « Vous saviez que c’est incompatible avec la schizophrénie ? Le cannabis renforce les effets de votre maladie, cela les démultiplie, quand cela ne les fait pas carrément exploser », souligne la présidente Thouzeau. « L’explosion » s’est produite au bout d’un an. Le 24 février 2012.
C’est un petit patron d’une boîte d’isolation de Velaine-en-Haye, père de famille et âgé de 47 ans, qui en a fait les frais. Le hasard a voulu qu’il croise la route du marginal schizo et parano sur le parking du centre commercial de la Cascade à Laxou. Un échange de regard. Une altercation. Et Bosko Sovilj abat son adversaire avec le 6.35 qu’il a toujours sur lui.
Il appuie plusieurs fois sur la détente. Rien ne se passe. Car l’arme est une vieille pétoire qui date du début du XXe siècle. Il continue à presser la détente. Le coup finit par partir. Mortel. La cour d’assises passera cette scène de crime au crible ce mercredi avec l’audition de plusieurs témoins.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/09/16/premier-jour-de-proces-et-premiere-plongee-dans-le-cerveau-du-tueur-de-la-cascade-a-Laxou

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