mercredi 16 septembre 2015

"Vous n'avez pas de coeur" : condamnée pour le meurtre de sa fille handicapée, la mère de Méline s'en prend aux jurés

Au moment de l'annonce du verdict de la cour d'Assises d'Ille-et-Vilaine, la mère jugée pour avoir tué sa fille de 8 ans lourdement handicapée, s'en est prise aux jurés : "Vous n'avez pas de coeur".
C'est un procès douloureux qui s'est achevé dans la colère et l'invective. Bien que la cour ait retenu comme circonstance atténuante une altération de son discernement et que sa peine de cinq ans de prison soit intégralement assortie de sursis, Laurence Nait Kaoudjt, qui encourait la réclusion criminelle à perpétuité, a crié sa colère et son écoeurement aux jurés, aussitôt après l'énoncé du verdict. La cour d'assises d'Ille-et Vilaine l'a condamnée à cinq ans de prison avec sursis pour le meurtre de sa fille handicapée.

"J'aurais mieux fait de mourir. Vous n'avez pas de coeur, vous n'avez pas compris mon geste d'amour: si, demain, vous lisez que je me suis suicidée, je vous regarde tous dans les yeux, c'est sur votre conscience", leur a crié cette femme de 49 ans aux cheveux grisonnants depuis le box des accusés, tandis que le président de la cour d'assises, Philippe Dary, mais aussi sa propre mère, lui demandaient de se calmer.
"Elle a tué sa fille, mais elle n'est pas une meurtrière"

Ses avocats avaient plaidé pour son acquittement. "Elle a tué sa fille,  mais elle n'est pas une meurtrière, contrairement à ce qui a été requis: la contrainte morale intérieure existe", avait ainsi déclaré Me Éric Dupond-Moretti. "Oui, elle a tué, mais est-elle coupable de l'avoir fait? Vous avez des experts qui disent qu'en réalité, elle n'avait pas d'autre choix", a-t-il ajouté. "Elles ne faisaient qu'une, elles étaient fusionnelles, c'était une  peau pour deux..."
L'humanité de Méline
Dans la matinée, dans un récit qui a glacé la cour et l'audience, souvent en larmes mais assumant tous ses actes, Laurence Nait Kaoudjt, 49 ans, a expliqué comment le 15 août précédant les faits, se sentant impuissante à continuer à lui épargner les souffrances de son handicap et craignant d'en être séparée, elle avait pris sa décision. Puis elle a raconté les derniers instants de sa fille, le 22 août 2010, "un beau dimanche", la messe, l'achat de pâtisseries, la dernière promenade avec sa grand-mère...
"Elle était toute belle..."
Elle a couché sa fille après lui avoir donné un peu de somnifère et un anti-douleur "pour qu'elle n'ait pas mal". Puis elle a étouffé Méline à l'aide d'une écharpe. "J'ai dit: 'Méline, c'est Maman qui t'aime, c'est Maman ma chérie...' J'ai dit: 'Seigneur, prenez mon enfant'", raconte-t-elle. "Je lui ai chanté une petite chanson, je suis restée comme ça... et puis au bout de quelques temps, je sais pas, je me suis dit: 'ça doit être fini'". "J'ai retiré l'oreiller sur sa tête. Elle était toute belle... Ses yeux étaient fermés, elle était dans son sommeil... Il y avait juste une petite goutte de sang sur le côté de sa narine. Avec un coton, j'ai essuyé. Elle avait l'air apaisé, c'était un petit ange", poursuit l'accusée.
A l'aide d'une forte dose de somnifères et en se tranchant les veines, elle tente de se suicider mais se réveillera le lendemain matin.
 

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