jeudi 28 janvier 2016

Accident de Manon Rouchy : un procès sous vives émotions

Poursuivi pour l'homicide involontaire de Manon Rouchy survenu le 4 octobre sur la RD 958 entre Lavilledieu-du-Temple et Castelsarrasin, un lycéen de 19 ans a ému aux larmes la famille de la défunte et le parquet.
Jean et doudoune noirs, Julien G., 19 ans, en Terminale au lycée Jean-de-Prades, a encore la tête d'un ado. Le visage rougi, le jeune homme comparaissait, mardi devant le tribunal correctionnel, pour avoir occasionné l'accident mortel de l'une de ses copines d'école : la Moissagaise Manon Rouchy, 17 ans

Il s'endort et percute un platane de plein fouet

Une affaire qui a profondément choqué et ému l'équipe pédagogique de la cité scolaire de la ville sous-préfecture autant que les amis de la famille résident au quartier du Sarlac. «Vous reveniez de discothèque, à Montauban, rappelait la présidente de l'audience, Nicole Bergougnan, et vous avez perdu le contrôle de votre Peugeot 206 qui s'est écrasée contre un platane.» Et la juge de préciser les circonstances : «Vos analyses ont démontré que vous n'aviez ni bu, ni consommé de stupéfiant et qu'il s'agissait, comme vous l'indiquez dans vos auditions, que vous vous étiez tout bonnement endormi au volant.»
Le jeune conducteur qui avait à l'époque son permis depuis tout juste six mois, acquiesçait silencieusement et témoignait ne se souvenirs de pas grand-chose des faits, ayant été lui-même inconscient après s'être endormi et la lourde collision qui s'en suivait.
Sortant une lettre de son manteau, le lycéen demandait à la magistrate s'il pouvait s'adressait à la famille de la défunte. Courageusement, Julien lisait jusqu'au bout avant de fondre en sanglots avec la mère de Manon dans la salle, ces excuses et ses profonds regrets. «Le seul reproche que l'on peut te faire, plaidaient brièvement les avocats des parties civiles Me Jean Stremoouhoff et la pénaliste Charlotte Lévi, c'est d'avoir surestimé tes capacités de conduite alors qu'il était 6 heures du matin que tu avais bu un café et mis la musique à fond pour te tenir éveillé le long du trajet. Rien finalement de plus normal à 18 ans.»

«Il y a des moments où l'on voudrait être ailleurs…»

Avant de livrer son réquisitoire, le vice-procureur Pierre Vignolles debout marquait un long silence. Ému par le témoignage et la lecture de la lettre du prévenu, le magistrat confirmait son désarroi. «Il y a des moments où l'on voudrait être ailleurs… Je ne sais pas si ce dossier, avouait-il, a sa place devant ce tribunal. Julien n'est ni un chauffard, ni un délinquant routier, chacun de nous, ici, pourrait être dans le box des accusés. Il va pourtant falloir lui donner une peine aussi dérisoire soit-elle.» Rarement, le vice-procureur dont on connaît les lourds réquisitoires ne se sera montré aussi magnanime avec un prévenu en requérant 6 mois de suspension de permis sans même réclamer un seul mois de prison avec sursis. «Je crois que son émotion n'est pas feinte et que la famille de Manon comprendra» concluait le juge du parquet. L'avocate de Julien G., Me Véronique Tournaire-Chailan, qui a fait le déplacement du barreau de Tarascon (Bouches-du-Rhône) rappelait, de son côté, la forte amitié qui liait les deux ados. «C'était sa meilleure amie, sa sœur comme il dit. Ce tragique décès continue à beaucoup l'affecter et il est suivi par un psychologue pour essayer de se reconstruire» assurait l'avocate qui réclamait que le tribunal exclu cette condamnation de son casier judiciaire (B2) afin que le jeune homme ne soit pas handicapé dans ses futures recherches d'emploi. Décision pour le moins surprenante dans ce genre de dossier, le tribunal a préféré renvoyer son verdict au 9 février.

http://www.ladepeche.fr/article/2016/01/28/2264781-accident-de-manon-rouchy-un-proces-sous-vives-emotions.html

Aucun commentaire: