mercredi 27 janvier 2016

Procès du meurtre de Risevaltes

Joachim Toro, 83 ans, est jugé depuis hier et jusqu'à lundi prochain devant les assises des Pyrénées-Orientales pour les meurtres de son voisin et de deux agents municipaux en mars 2011 à Rivesaltes. Il est aussi accusé de tentative de meurtre sur une jeune femme avec qui il entretenait des relations tarifées.
Tard hier soir, c'était le face-à-face entre le plombier et la jeune femme.
«Toro est un pédophile. Toro tu es un pédophile !» s'exclame H.M. à la barre. La jeune brune de 33 ans raconte comment le plombier retraité, de cinquante ans son aîné, l'avait invitée à faire «des choses» à son domicile alors qu'elle n'avait que neuf ans. «Il me demandait de venir chez lui le soir après l'école. Je me mettais nue. Il venait se frotter sur moi. Je n'avais pas conscience alors d'être victime de pédophilie» explique-t-elle d'une voix posée avant d'entrer dans le détail de leur relation, construite sur le fantasme du vieil homme et la vénalité avouée de la jeune femme. «On n'a jamais fait quelque chose de sexuellement abouti ensemble. J'allais le voir quand j'avais besoin d'argent. Quand j'avais une difficulté, c'était Toro. C'était un dû. C'est lui qui m'avait amenée à ce fonctionnement» poursuit-elle, refusant de regarder celui qui lui a un jour tiré dessus au fusil de chasse, deux heures avant de commettre un carnage sur les berges de l'Agly. Avec l'argent «de son vieux» elle a acheté deux voitures, des sacs à main, des vêtements et payé une école de coiffure où elle n'a pas mis les pieds. Elle chiffre à 50 000, 60 000 € les largesses du plombier.
Le président Régis Cayrol produit, lui, une comptabilité différente, une liste de versements contresignés par la jeune femme : 383 500 € en trente mois. Elle conteste. Joachim Toro maintient. Il a même déposé une plainte pour escroquerie et extorsion de fonds. «Avec mon pognon, elle s'est payée trois voitures, deux appartements, et elle a passé des journées à jouer au casino» maugrée Toro. Son avocat, Me Bérenger Tourné évoque lui 680 000 € sortis des comptes du plombier à partir de 2009. «Toro ne m'a jamais prêté d'argent. C'était toujours des dons» assure H.M. après avoir raconté leur rencontre pour la remise d'une enveloppe de billets en compagnie de sa cousine puis des coups de feu en direction de leur voiture, les premiers tirs de ce dramatique après-midi.
Sur son banc, Joachim Toro, 83 ans, visage déformé par le coup de fusil qu'il s'était donné, est immobile, attentif. Il lui faudra bientôt éclairer la folie meurtrière de cet après-midi de mars 2011
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