vendredi 13 mai 2016

Nancy : face à face intense devant la cour d’assises de Nancy entre l’accusé qui a tué son bébé et son père

C’était psy show, ce jeudi, devant la cour d’assises de Nancy, pour le quatrième jour du procès d’un couple de Vandoeuvre jugé pour un infanticide. Et pas parce qu’une partie du programme était consacrée aux experts psys. Car leur jargon, parfois franchement rébarbatif et hermétique, n’a pas forcément éclairé les jurés.
Non, sentiment, émotion et intensité sont venus du face-à-face entre l’accusé, Benoît Reichhart, 42 ans, et son père. Le premier a frappé à mort son petit garçon de 2 mois le 22 septembre 2013 et le second, en tant que grand-père du bébé tué, n’a pas hésité à se constituer partie civile contre son propre fils.
« Ce qu’il a fait est ignoble mais c’est quand même mon fils… Et je l’aime », lâche le père de l’accusé à la barre. Ce qui relève de l’exploit. Car ce retraité, ex-employé de l’industrie chimique, dur à la tâche, reconnaît lui-même ne pas être un grand expansif. « Cela ne veut pas dire que je ne ressens rien », précise-t-il, avec un calme qui semble inattaquable.
Et c’est avec la même voix égale qu’il décrit le long cauchemar que lui a fait vivre son fils. Il l’a vu « dérailler » à partir de la vingtaine et sombré petit à petit dans la drogue et la marginalité. « Mais il n’y a jamais eu de rejet de ma part ou de sa mère », assure le père de l’accusé.
Son fils l’a pourtant menacé avec un couteau, a failli tout casser chez lui et l’a volé à plusieurs reprises. Mais il ne l’a jamais mis à la porte.

Verdict ce vendredi

Benoît Reicchart est parti tout seul. C’est lui qui a coupé les ponts durant des années. Jusqu’à ce mois d’août 2013 où il est devenu père à son tour d’un petit Noa. Il a renoué avec sa famille. Il a annoncé la naissance à sa sœur qu’il ne voyait plus depuis une éternité. « Mon frère avait un côté anti-social mais là j’y ai cru… Vraiment ! » témoigne-t-elle.
« J’étais aux anges », affirme aussi le père de l’accusé qui a eu l’occasion de voir une fois le bébé. D’où le choc énorme lorsqu’il a appris, d’abord, la mort du bébé puis que son fils en était responsable.
Il n’est jamais allé le voir en prison, s’est constitué partie civile contre lui dans le procès et livre un témoignage sans concession. « Mon père a raison mais ça fait du mal quand même de l’entendre ! », murmure l’accusé.
Son père lui lance alors, à sa manière, une déclaration d’amour paternel : « T’inquiètes pas, ça me fait mal de te voir comme ça ! » L’accusé écarte les bras, désemparé. Il ouvre la bouche et semble vouloir parler, se livrer. La présidente Thouzeau l’encourage. Mais les mots ne sortent pas. Son impulsivité, son caractère colérique et ses poussées de violence contre son bébé restent une énigme.
La problématique de son ex-compagne qui est jugée pour non-dénonciation, a en revanche été résumée d’une formule choc par sa propre mère au cours de cette journée aux relents de thérapie familiale : « Ma fille a un problème avec les hommes. Le premier qu’elle a rencontré, la frappait, le second l’a mise dans la drogue, le troisième s’est pendu et… le quatrième a tué son bébé ». Verdict ce vendredi.

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2016/05/13/nancy-face-a-face-intense-devant-la-cour-d-assises-de-nancy-entre-l-accuse-qui-a-tue-son-bebe-et-son-pere

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