Tarik Chaoufi a été condamné hier soir à 20 ans de prison. En mai 2014, il avait étranglé sa compagne Andréa Fauvel lors d'une dispute. Délicat de juger un homme qui se dit «indéfendable».
«Dévouée, toujours souriante. Elle travaillait, travaillait. Quand elle a voulu ouvrir sa boutique, peu importait ce que ça serait. Elle voulait son enseigne. Et elle l'a posée.» À la barre de la cour d'assises, un homme retient ses larmes. Délicat de parler de sa fille au passé. Andréa Fauvel venait de fêter ses 25 ans quand, dans la nuit du 26 mai 2014, elle a été étranglée à Toulouse par son compagnon, Tarik Chaoufi.
Pendant deux jours devant la cour d'assises de la Haute-Garonne, les trois femmes et trois hommes du jury n'ont pratiquement vu que le crâne dégarni de ce Marocain, aujourd'hui âgé de 31 ans et qui mardi a lâché : «Je suis un monstre, je suis indéfendable».
Indéfendable cet homme l'est pour la mère Andréa. Cette femme pleure : «Andréa adorait la vie. Elle voulait vivre. Un monstre criminel lui a enlevé la vie.» Dans le box, Tarik Chaoufi mange ses chaussures. Il ne les quittera pas des yeux quand Me Georges Catala ramène au cœur de l'audience le visage de la disparue. «Elle travaillait, restait clairvoyante, voulait son indépendance, ne pas devoir un sou. Le visage des gens honnête quand lui, dit l'avocat en forçant la voix, ne voulait que jouer aux jeux vidéos, faire la fête, fumer le chichon et surtout ne pas travailler !»
Pour l'avocat, l'amour, la jalousie n'ont pas tué Andréa. «Elle vous a renvoyé vos propres échecs, elle a servi de miroir à vos propres turpitudes !» L'avocat général Pierre Bernard partage l'analyse. Crime passionnel ou pas, peu importe. «Un crime passionnel reste avant tout un crime d'égoïste», juge le magistrat. Son réquisitoire évite les excès mais n'oublie rien. «Vous menacez de tuer votre première épouse quand elle part alors que vous avez déjà une maîtresse. Vous tentez ensuite d'étrangler cette maîtresse quand à son tour elle veut vous quitter puis vous étranglez Andréa. Tout ça n'a rien à voir avec l'amour. C'est de haine !» L'avocat général requiert «une peine qui ne soit pas inférieure à 20 ans de réclusion», plus une interdiction définitive du territoire national.
Défendre celui qui ne veut pas. Me Marie Louise At s'y attaque «pour un homme qui a tout gâché et qui le sait». Elle cherche à «l'humaniser», à éviter une peine trop longue. Me Apollinaire Legros-Gimbert chasse les trop-pleins. «Il se livre, il avoue, il reconnaît tout… oui, mais. En réalité, quoi qu'un accusé fasse, ça ne va jamais… Comment imaginer que quand il étrangle, il pense ? Bien sûr que non. Émotionnellement, il déborde, il ne contrôle plus rien Bien sûr qu'il s'agit de passion !»
Après 3 heures de délibéré, Tarik Chaoufi a été condamné à 20 de réclusion criminelle dont deux tiers de sûreté ; plus une interdiction du territoire national. La famille d'Andréa espère qu'il ne fera pas appel.
http://www.ladepeche.fr/communes/toulouse,31555.html
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