"A quel moment les policiers sont allés faire des recherches à la décharge de Puy-Long (ndlr : à Clermont-Ferrand) s'ils avaient la conviction que le corps pouvait s'y trouver", lui demande Me Gilles-Jean Portejoie, l'avocat de Cécile Bourgeon. La discussion entre les deux parties est tendue. Cette conviction affichée par l'enquêteur devant la cour déplait à la défense. "On ne va pas faire le procès de la police à qui on a menti", répond le DDSP. Le chef de la Sûreté Publique du Puy-de-Dôme expliquait quelques minutes plus tôt que la recherche de Fiona au moment du signalement de sa disparition a très vite mobilisé l'ensemble de son effectif, on parle d'une quarantaine de personnes, "c'était devenu notre priorité et, pendant ce temps, les officiers de police judiciaire ne travaillaient plus sur d'autres affaires".
On ré-entendait les parents et on commençait à voir des incohérences dans les déclarations de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf. - Marc Fernandez, DDSP 63
Marc Fernandez raconte à la Cour d'assises que "de nombreuses pistes s'offraient à eux" au soir de la disparition et le lendemain. Le lundi, ce sont plusieurs centaines de coups de téléphones que les enquêteurs reçoivent mais, très vite, ils ont des doutes. "On ré-entendait les parents et on commençait à voir des incohérences dans les déclarations de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf", se souvient le DDSP. Au sein de son équipe, les avis sont partagés. Une partie, minoritaire, disait : "ça peut être un enlèvement", l'autre pensait : "on nous ment, il faut les placer en garde-à-vue".
Ces doutes sont nourris par le comportement de la mère et de son compagnon qui cherchaient à les orienter vers d'autres pistes. "Ils nous parlent de deux personnes qui auraient pu être violentes avec Fiona, comme si on nous préparait à la découverte du corps", ajoute le commissaire divisionnaire. Parmi les personnes montrées du doigt par le couple, le père de Fiona, mais la piste a été très vite écartée.
Que Fiona ait été enterrée ou mise dans une poubelle, les deux sont aussi ignobles ! - Me Marie Grimaud
Si Marc Fernandez pense que le corps de Fiona a pu se retrouver dans une unité de traitement des ordures ménagères, son confrère Christophe Molly penche pour la thèse de l'enterrement, thèse défendue par les accusés. Pour étayer sa position, le chef de l'Office Central pour la répression des Violences aux personnes fait référence à la manière dont Berkane Makhlouf est passé aux aveux en septembre 2013 à Perpignan. Les policiers lui ont lu la déposition de Cécile Bourgeon dans laquelle elle fait état d'une manche de pelle cassée pendant l'opération. "C'est ce détail qui a fait réagir son compagnon, il a alors compris que nous savions", dit le policier parisien.
Mercredi matin, l'avocat général et les avocats des parties civiles ont tour à tour cherché à fragiliser la position de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf qui ont, malgré tout, maintenu qu'ils n'avaient pas mis le corps de l'enfant dans un sac poubelle. Me Grimaud, avocate de l'association Innocence en Danger, se lève : "Que Fiona ait été enterrée ou mise dans une poubelle, les deux sont aussi ignobles !"
Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf sont jugés devant la Cour d'assises du Puy-de-Dôme à Riom depuis le 14 novembre 2016 pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineur de moins de 15 ans, en réunion, par ascendant ou personne ayant autorité. Le verdict est attendu pour le vendredi 25 novembre.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne/puy-de-dome/artense/clermont-ferrand
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