jeudi 19 janvier 2017

Elle bat ses trois enfants : six mois ferme

Triste dossier que celui jugé ce mardi après-midi au tribunal correctionnel d'Albi par la présidente Brigitte Schildknecht et ses assesseurs Béatrice Curvale et Jean-Pierre Guinard. À la barre, M.M., 27 ans, mère de trois enfants prénommés Noémie, Antonio et Anaïs, âgés respectivement de six, quatre et deux ans, et enceinte. La prévenue est accusée de «violence sans incapacité sur un mineur de 15 ans par un ascendant ou une personne ayant autorité sur la victime», commis courant janvier 2016 et jusqu'au 1er juin 2016 à Carmaux. Ces trois enfants sont placés au Foyer de l'Enfance depuis un mois. Un endroit où les éducateurs sont quotidiennement terrifiés par les déclarations des enfants. À la lecture des faits, la mère niera en bloc. «Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé. Si c'était la vérité, je m'en souviendrai. Si je battais mes enfants, je ne serais pas encore enceinte. Pour Antonio, j'ai pas donné de coups de pied dans le dos. Il s'est fait mal à la tête en tombant de sa minimoto.» M.M. reportera aussi les violences sur son concubin. «Mes enfants ont menti parce qu'ils sont sous son influence.»

«Le petit Antonio est un enfant martyr»

Pour l'avocate des parties civiles, «le mode de communication de la mère ne repose que sur la violence. Il existe des dossiers qui marquent une vie d'avocat. Cette affaire m'a particulièrement marqué. Au titre de préjudice moral, je demande 500 € d'amende pour la petite Anaïs. Les cas d'Antonio et Noémie sont différents. Ils sont en détresse et aujourd'hui je suis dans l'incapacité d'évaluer précisément le préjudice subi par ces enfants. Je sollicite en revanche leur expertise psychologique et réclame 5 000 € de dommages et intérêts pour Antonio et 4 000 € pour Noémie. Je vous demande d'y ajouter exceptionnellement le remboursement de l'aide juridictionnelle, soit 39 €.»
Pour Claude Derens, procureur de la République d'Albi, «le petit Antonio est un enfant martyr. Il dit avoir reçu des gifles, s'être fait piquer la main avec un couteau, reçu des coups de pied dans le dos. Les témoignages sur les coups subis par les trois enfants sont concordants et les stigmates de violences indiscutables. Le père, actuellement en détention, dit aussi que M.M. les frappe. Une mère qui n'a rien compris et ne fait aucun effort pour comprendre. Elle n'a plus droit à l'erreur. Je réclame au tribunal un avertissement sévère avec un an de prison totalement assorti du sursis avec mise à l'épreuve et une obligation de soins.»
Dans sa plaidoirie, l'avocate de la mère demandera à la présidente et ses assesseurs de juger si dans ce dossier on parle «de carences affectives, éducatives et alimentaires qui sont avérées ou de violences volontaires» avant de demander «une expertise psychique.»
Dans son jugement, fait rare, le tribunal ira finalement au-delà des réquisitions du Parquet en infligeant dix-huit mois de prison dont douze assortis du sursis avec mise à l'épreuve durant trois ans. M.M. est contrainte à une obligation de soins, de travail et d'indemnisation des trois petites victimes.
À ce titre, M.M. a donc été condamnée à payer 500 € à Anaïs et demande une expertise psychologique pour Antonio et Noémie. Elle devra aussi rembourser les 39 € de frais d'aide juridictionnelle. À l'issue de l'audience correctionnelle, la présidente Schildknecht a précisé à la mère de famille, comme le procureur auparavant, que la partie ferme de sa peine de prison serait sans doute aménagée par le juge d'application des peines.
http://www.ladepeche.fr/communes/carmaux,81060.html

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