mercredi 18 janvier 2017

Morte pour 3 € de butin

Depuis hier et jusqu’à jeudi soir, deux jeunes gens âgés de 23 et 18 ans sont jugés par la cour d’assises des mineurs du Haut-Rhin pour vol avec violences ayant entraîné la mort. L’audience se déroule sous publicité restreinte, une forme de huis clos, malgré la demande du ministère public de lever cette mesure par souci de transparence d’« une justice rendue au nom du peuple français », a expliqué Jean-Jacques Gauthier. Une demande soutenue par Me Dieudonné, représentant des parties civiles, qui a mis en avant « l’émoi » que ce drame avait suscité dans le quartier de Sainte-Marie à Colmar.

Pour une dette de stupéfiants

C’est dans ce quartier que vivait, depuis toujours, Marie-Louise Saettel, 94 ans. Le 29 avril 2015, vers 17 h, elle rentrait de chez son coiffeur, situé à quelques centaines de mètres, quand un des accusés est arrivé dans son dos pour l’agresser. Il a tiré son sac jusqu’à la faire tomber, avant de s’enfuir. La nonagénaire a été secourue par une passante, qui a appelé les pompiers. Encore consciente, mais semi-comateuse, la vieille dame a été évacuée vers l’hôpital Pasteur. Quelques heures plus tard, elle plongeait dans le coma. Marie-Louise Saettel est décédée le 3 mai au soir.
Un homme a vu l’agression alors qu’il circulait en voiture dans le quartier. Il a vu aussi un autre individu faire le guet à un angle de rue. Il a vu encore la tête de la victime taper lourdement le sol, comme il l’a redit, hier, à la barre du tribunal. Un témoignage qui contredit un peu celui de la passante venue secourir la victime, qui déclare que les deux hommes étaient très proches lors de l’attaque.
Le sac de la nonagénaire ainsi que des vêtements ont été trouvés très vite derrière une haie, à proximité du drame. Des prélèvements ont permis de déterminer le profil ADN des deux accusés. Ces derniers ont été arrêtés le 5 mai 2015.
Lors des interrogatoires d’enquête, le majeur a tenté de rejeter la responsabilité sur son acolyte. Le mineur s’est montré plus disert, avec des paroles peu amènes sur la victime : « De toute façon, elle serait morte d’autre chose, c’est pas nous qui l’avons tuée, elle est morte après ». Il a aussi expliqué les raisons ce vol. Le jeune homme avait une dette de cannabis de 100 €. Avec son copain, il avait tenté de vendre des jeux d’occasion au magasin Cash concept, mais tous deux s’étaient fait refouler, n’ayant pas pu présenter de carte d’identité. Ils avaient alors ourdi l’idée d’un vol à la tire, d’abord à proximité d’un distribanque, jusqu’à voir Mme Saettel rentrer doucement chez elle. Cruelle dérision, leur victime n’avait que 3 € dans son sac à main. La somme a servi à acheter une bouteille de soda…
Pour Me Dieudonné, la victime était une proie facile du fait de son âge et de sa corpulence : 54 kg et 1,60 m. C’était aussi une dame « appréciée de tous » dans le quartier, a confié une voisine.
Au fil de l’instruction, les positions ont évolué. Le mineur a confirmé que c’est lui qui avait arraché le sac, mais assuré que c’est son acolyte majeur qui avait désigné la vieille dame. Ce dernier a continué à dire qu’il n’avait pas pris part au vol proprement dit.

Enfance en foyer

Hier, la journée à la cour d’assises a démarré par l’enquête de personnalité des jeunes Colmariens. Deux garçons en difficulté, qui ont été placés en foyer, avec une forte toxicomanie pour le plus jeune. Des difficultés réelles, mais pas au point de pouvoir expliquer un tel passage à l’acte pour le représentant des parties civiles. Les deux accusés ont, par ailleurs, déjà été condamnés quatre fois pour de petits délits : détention de stupéfiants, destruction de bien d’autrui pour l’un ; violences sur ascendant, dégradations et affaire de stupéfiants pour le mineur.
Aujourd’hui seront évoqués les faits. Ce sera un moment crucial puisqu’on connaîtra la position actuelle des deux garçons défendus par Mes Bergmann et Schillé.

http://www.dna.fr/justice/2017/01/18/morte-pour-3-de-butin

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